Alors que la presse traverse une crise sans précédent, Le Figaro et Le Monde tentent tant bien que mal de redresser la pente. Qui a les meilleures chances d’y parvenir ?
1- Finance : Le Monde

Malgré plusieurs plans d’économies, les deux poids lourds de la presse écrite continuent d’afficher des pertes. En 2013, Le Figaro a perdu 7,7 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 308 millions d’euros. La même année, Le Monde fait un peu mieux, affichant un déficit de 2,5 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 345 millions d’euros. Des chiffres d’autant plus inquiétants que les deux groupes sont sous perfusion publiques. En 2014, Le Figaro et Le Monde ont touché seize millions d’euros d’aides publiques. Si les deux groupe espèrent atteindre l’équilibre au cours de cette année, Le Monde est celui qui a le mieux redresser ses comptes. Sa situation n’en demeure pas moins préoccupante : son chiffre d’affaires continue de se réduire, année après année. En 2007, la Société des lecteurs du Monde annonçait un chiffre d'affaires de 629 millions d'euros.

2- Audience : Le Figaro

Diffusé à 359 047 exemplaires, Le Figaro devance d’une courte tête Le Monde (306 682). Néanmoins, les deux mastodontes sont confrontés à l’effondrement de leurs ventes. En 2001, ils tiraient ainsi à plus de 400 000 exemplaires. Sur Internet, Le Figaro est également devant. Si le site du Monde enregistre en moyenne soixante-cinq millions de visites par mois, contre soixante millions pour son concurrent, Le Figaro repasse en tête sur l’ensemble de ses sites. Le groupe Le Figaro comptabilise ainsi 91 millions de visiteurs uniques par mois, Le Monde 82 millions.

3- Numérique : Le Monde

Présent sur la Toile depuis 1995, Le Monde a mieux pris le virage du numérique que son concurrent. L’application du Monde compte 1,9 million de visiteurs mensuels, contre 841 000 pour Le Figaro. En 2013, Lemonde.fr indiquait disposer de 100 000 abonnés, doit 40 000 en 100 % digital. Son objectif est de quintupler ce chiffre en trois ans, soit de recruter 200 000 abonnés purement numériques. Le Figaro vient lui de lancer sa nouvelle offre d'abonnement numérique payante. Il espère atteindre les 50 000 abonnés d’ici fin 2016. Il n’en ait pour le moment qu’à 22 000. Sur les réseaux sociaux, Le Monde domine aussi son adversaire. Il affiche 2,3 millions de fans Facebook, Le Figaro, 1,9 million. Et sur Twitter Le Monde dispose de quatre millions de followers, contre seulement deux millions pour son concurrent.

4- Diversification : Le Figaro

Après des débuts difficiles, M Le mag a réussi à séduire de nouveaux lecteurs. Mieux encore, il a enfin attiré les annonceurs du luxe, sa cible initiale. Ces derniers apportent ainsi 60 % des revenus publicitaires et ont ainsi contribué au succès commercial de la nouvelle mouture. Les recettes publicitaires ont été multipliées par cinq. Ce succès est néanmoins loin de compenser les baisses enregistrées par le journal papier. Le Figaro, lui, a mis en place une stratégie d’acquisitions. En février 2006, il a ainsi acheté le site d'information et de contenu sportif sport24.com. Un an plus tard, il s’empare du site culturel evene.fr afin de créer des synergies avec Le Figaroscope. La même année, il prend le contrôle de la billetterie Ticketac.com. En 2008, le groupe reprend la société Météo Consult et La Banque audiovisuelle, société éditrice de vodeo.tv. En 2009, il rachète Particulier et Finances Éditions. En 2010, le groupe réalise une OPA amicale sur Adenclassifieds. La filiale devient ensuite Figaro Classifieds et regroupe notamment Cadremploi, Keljob.com ou Explorimmo. Plus prudent, Le Monde mise sur de la croissance organique. En 2014, le groupe a investi massivement dans l’événementiel avec des thématiques sponsorisées. Louis Dreyfus, président du directoire du Monde espère ainsi réaliser dès 2015 plusieurs millions d'euros de chiffre d'affaires avec une rentabilité à deux chiffres.

5- Actionnariat : Le Monde

Contrôlé par la société Le Monde libre regroupant les quatre investisseurs (Pierre Bergé, Mathieu Pigasse, Xavier Niel et la société espagnole Prisa) qui l’ont racheté en 2010, Le Monde dispose désormais de solides capitaux. Ces derniers ont promis d’injecter 110 millions d’euros. La moitié a déjà été investie. Au-delà des capitaux, les investisseurs apportent leur savoir-faire. Depuis leur arrivée, ils ont réalisé pas moins de dix millions d’euros d’économies en réduisant notamment de moitié les effectifs de la holding et en s’attaquant à réformer l’imprimerie qui affiche une perte annuelle de trois millions d’euros. Cette dernière compte 240 salariés, protégés par le Syndicat du livre, alors que ses concurrentes fonctionnent avec six fois moins d’effectifs. Quant au Figaro, il est la propriété de l'industriel et sénateur UMP de l'Essonne, Serge Dassault.

Résultat : Le Figaro : 2 - Le Monde : 3

Grâce à une stratégie d’acquisition basée sur la diversification, Le Figaro domine la bataille de l’audience. Mais à l’heure du tout numérique, cela n’a plus autant d’importance. D’autant plus que Le Monde a réussi à devenir une référence dans le domaine. Un positionnement qui lui donne une longueur d’avance. Néanmoins, aucun des deux n’a encore trouvé le modèle économique qui lui permettra de faire repasser ses comptes dans le vert.

V.P.

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