La transformation est le mot d’ordre actuel de toute organisation qui veut suivre les courants d’évolution de marché et s’y adapter. Un point crucial est cependant souvent négligé, le positionnement du manager et son accompagnement dans la conduite de sa mission. Thomas Le Vigoureux, Théodore Roubach et Julien Moulin, cofondateurs et associés chez Neomoon, partagent leur vision.

 

Décideurs RH. Votre raison d’être est de contribuer à l’émergence de “néoleaders”, qu’entendez-vous par là ?

Thomas Le Vigoureux. Néoleaders, c’est le nom que nous donnons à cette nouvelle génération de managers confrontés à l’incertitude du moment, qui doivent jongler en permanence avec des équipes hétérogènes, tant en termes de motivation, de besoins, d’identité que de personnalité.
Ces managers d’aujourd’hui se doivent d’être plus agiles que jamais, et dotés de compétences que l’on associait peu au monde du travail il y a encore quelques années, telles que l’intelligence émotionnelle, relationnelle ou situationnelle.
Manager est une responsabilité de plus en plus complexe à porter. C’est aussi la principale clé de satisfaction, d’engagement et d’efficacité d’une équipe.
Pourtant, nous constatons que beaucoup d’entreprises ne lui consacrent pas suffisamment d’importance.

Théodore Roubach. Un point commun rassemble les entreprises performantes en la matière : une équipe managériale d’exception qui fait et fera la différence dans la durée.
Notre conviction chez Neomoon, est qu’il faut placer l’accompagnement des managers au cœur de la stratégie de croissance de l’entreprise. Malheureusement, trop d’organisations attendent encore d’avoir atteint leurs limites pour se décider à agir sur leur maturité managériale. C’est pourtant un frein quant à porter leur vision dans la durée.
De fait, nos clients nous choisissent pour être les partenaires de leur transformation managériale. Nous les accompagnons dans la co-construction des piliers d’une culture managériale commune, fédératrice et porteuse de sens. Nous intervenons ensuite sur le déploiement des nouvelles pratiques auprès de toute leur communauté de managers pour maximiser l’appropriation.

Quels sont les écueils à la mise en place d’une gouvernance responsabilisante et efficiente ?

Julien Moulin. Le principal écueil provient de la direction, lorsqu’elle travaille seule sur cette question. Les intentions et la vision des dirigeants sur la culture managériale de leur entreprise peuvent être louables et excellentes, mais si elles ne sont posées que par eux, elles sont de fait, imposées. L’appropriation ne sera pas au rendez-vous et cette culture sera vécue comme une injonction de plus pour les managers. Leurs nouvelles pratiques et rituels seront vécus comme des contraintes. Notre méthodologie Earth résout cet écueil en démarrant par un diagnostic objectif de la perception du management et surtout en embarquant dès le début du projet des managers ambassadeurs. Nous les accompagnons dans la co-construction de la nouvelle culture managériale – validée bien entendu – par les dirigeants dont l’engagement dans le projet est le point de départ incontournable.
Le second écueil est l’absence d’animation de la communauté managériale. De tels projets de transformation nécessitent de se faire sur la durée, avec des interactions récurrentes.

"Nos clients nous choisissent pour être les partenaires de leur transformation managériale"

Vous accompagnez les 650 managers culture managériale, quels sont les enjeux de ce projet ?

T. L. V. Depuis 2019 et l’intégration de Jardiland, Invivo Retail a entrepris un plan de transformation ambitieux autour de six chantiers stratégiques. L’enjeu de la DRH et du campus Nature & Talents, créé dans ce contexte, est d’accompagner avec succès cette transformation. Les dirigeants sont convaincus, comme nous, que les managers sont l’une des principales clés de leur réussite.
Le projet One Management, que nous animons depuis maintenant deux ans avec la DRH, les équipes du campus et une quarantaine de managers ambassadeurs, consiste à co-construire puis déployer une nouvelle culture managériale, porteuse de sens, alignée sur les valeurs et la raison d’être de la société,
et fidèle à l’esprit humain que ses enseignes comme Jardiland, Gamm Vert, Delbard ou encore Bio & Co véhiculent depuis de nombreuses années.

J. M. L’enjeu est la mise en place d’un management au service de la stratégie d’entreprise mais aussi de la satisfaction et de l’engagement de toutes les équipes. On entend beaucoup parler en ce moment d’un désengagement renforcé par l’individualisme, et les nombreuses incertitudes du monde actuel. Chez Invivo Retail, il existe une volonté forte de reconnexion entre l’entreprise et ses équipes.

Et comment cette transformation permet-elle de reconnecter l’entreprise ?

T. R. Le retour que nous avons des managers depuis que nous les accompagnons est qu’enfin, nous reconnectons le management aux émotions et à l’humain. En prenant garde notamment à respecter les personnalités de chacun, leurs forces, mais aussi certaines de leurs failles. Nous essayons de casser les codes des formations de management traditionnelles : autrefois on disait aux managers qu’ils devaient être empathiques, adopter un style de management imposé, avec une tendance à dicter des comportements attendusdans chaque situation managériale de façon très théorique. Aujourd’hui, chez Neomoon, nous partons de la personnalité du manager, en lui faisant prendre conscience de sa posture et du registre dans lequel il se situe, avec ses forces mais aussi ses faiblesses, pour lui faire toucher du doigt l’effet qu’il peut provoquer sur ses équipes. C’est cette prise de conscience qui va permettre, dans le temps de mettre en place des actions correctrices.

T. L. V. Pour résumer nos convictions – qui s’expriment pleinement dans le projet Invivo Retail – la réussite d’une transformation managériale exige le respect de quatre règles : la première est l’application d’une méthodologie inclusive qui part d’un diagnostic à 360 degrés et implique dès le départ des managers ambassadeurs représentatifs des différents métiers et entités de la société. Il est également nécessaire de formaliser des éléments de culture qui respectent les personnalités et les émotions, et permettent d’obtenir le meilleur de chacun, sans jugement ni injonction. La troisième réside en la mise en place d’actions collectives et individuelles, car
le management fait appel au bon sens, ce qui nécessite une parfaite connaissance de soi, ainsi qu’un travail personnel qui ne peut se faire qu’individuellement. Il faut également veiller à faire vivre les choses dans le temps, en faisant émerger sa communauté de managers, et en l’animant par des actions et des communications régulières.

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