La société civile sous les feux de la rampe
Bien avant les dernières élections présidentielles, l’appui de la société civile était déjà recherché par tous les partis politiques, qui espéraient retrouver une sorte de légitimité intellectuelle. L’élection d’Emmanuel Macron a accentué ce mouvement en permettant à des citoyens engagés dans la vie publique d’être élus. Est-ce à dire que la société civile est véritablement représentée ? Comme souvent, la réalité est plus complexe. Certains partis politiques en appellent aux « citoyens » souverains, faisant ainsi écho à la représentativité et à la démocratie, glissant parfois vers l’idée – contestable – du pouvoir de la rue. Le pouvoir doit s’exercer dans les urnes et non ailleurs. D’autres formations politiques en appellent à la « société civile » à contours polymorphes selon les définitions de l’Union Européenne, l’ONU, la Banque mondiale ou, plus près de nous, le CESE… ou selon celles de Hegel, Marx, Arendt ou Habermas. Plus prosaïquement, la société civile est perçue comme rassemblant des individus n’appartenant pas à la classe politique. Mais le vrai sujet est de savoir comment des individus, citoyens éclairés, peuvent s’organiser pour former une opinion publique audible dans le débat public.
En toute franchise, cessons les amalgames. Chacun doit retrouver sa place. Les citoyens doivent s’exprimer démocratiquement par le vote. L‘administration doit être le garant du bon fonctionnement de la machine étatique, indépendamment du changement d’orientation politique. Les élus doivent faire à nouveau rimer éthique et politique. La société civile doit s’organiser en corps constitués afin de peser dans le débat public. Et plus, généralement, la classe politique traditionnelle doit – enfin – se montrer véritablement à l’écoute des initiatives audacieuses de la société civile dont elle aime si souvent obtenir la caution…