L’homme d’expérience
Ce qui frappe d’abord lorsqu’on rencontre le candidat La République en marche à la 7e circonscription de Paris c’est sa jeunesse. À 32 ans, Pacôme Rupin en paraît 25. Il le sait et en sourit : « Ça inquiète les uns et rassurent les autres…» – comprenez pour ces derniers, ceux qui rêvent de voir la politique réinventée et ses pratiques dépoussiérées. Et puis il se met à parler, et la première impression s’estompe lorsque se dessinent les convictions et la détermination d’un homme d’expérience. Celle qu’il s’est bâtie au cours des quinze dernières années au sein de la société civile comme de la sphère politique. D’abord comme citoyen engagé puis comme entrepreneur et militant. De quoi lui forger quelques convictions et, surtout, lui donner l’envie d’agir pour reconnecter le politique au terrain et à ses réalités. Une urgence pour celui qui, depuis toujours, place le souci de l’intérêt général au-dessus du dogme partisan et la quête de sens au cœur de ses engagements.
Quête de sens
« Je me suis toujours intéressé à la manière dont s’organise la cité, explique-t-il. À la façon dont on écoute chacun pour parvenir à dégager un consensus, à instaurer un équilibre. » D’où la succession d’engagements associatifs qui, de la lutte contre l’homophobie au secourisme, jalonnent son parcours des années durant. D’où, également, ce goût affirmé pour l’entrepreneuriat social qui, à l’Essec d’abord, au Groupe SOS ensuite – qu’il rejoint après un an passé en cabinet de recrutement, au poste de « dir cab » de Jean-Marc Borello – le pousse à privilégier l’action et le pragmatisme pour se mettre au service des autres. « J’ai toujours été dans le questionnement et la quête de sens, j’ai toujours voulu prendre les choses en main, emmener du monde dans l’action… », résume celui qui, un an plus tard, change d’horizon pour créer Babel31, une agence de conseil en communication à destination des entreprises et associations, qu’il revend l’an dernier pour rejoindre le mouvement d’Emmanuel Macron. Une décision qui, explique-t-il, s’imposera comme une évidence : « Toutes ces dernières années, le pays a souffert de guerres dogmatiques opposant droite et gauche sans souci de l’intérêt général. En voulant sortir des luttes partisanes, partager des idées qui fonctionnent plutôt que camper sur des postures de principe, En Marche ! représente une fantastique rupture dans la méthode. »
Pragmatisme et progressisme
Une priorité donnée à l’efficacité et à l’action auxquelles Pacôme Rupin adhère d’autant plus que les valeurs portées par le mouvement – « le travail, l’Europe, la bienveillance, l’ouverture, le respect de l’autre et de ses convictions… » – ont toujours été les siennes. Celles qu’il avait cru, un temps, reconnaître dans le PS, ce parti dans lequel il ne se reconnaît plus.
« Le problème du PS tient au fait qu’il n’a pas réussi à trancher entre une vision moderne et réformiste de la gauche, selon laquelle les entreprises sont essentielles à l’équilibre national, estime-t-il, et une gauche plus radicale, plus sectaire, moins ouverte … » Une gauche qui, bien que minoritaire au sein du parti, a abouti « aux résultats catastrophiques » du premier tour. Une débâcle qui, positive Pacôme Rupin, aura eu pour effet de rebattre les cartes et surtout, d’ouvrir la voie à une autre forme de politique. Celle que, selon lui, incarne aujourd’hui En Marche ! : progressiste dans sa vision, pragmatique dans son action. Apte à soutenir l’entreprise dans sa démarche de création de valeur sans pour autant renoncer à encadrer et réguler. Deux aspects fondamentaux de notre économie sur lesquels gauche et droite, estime-t-il, n’ont cessé de s’opposer, alimentant un clivage aussi anachronique que contre-productif. « Cette lutte se justifiait aux XIXᵉ et XXᵉ siècles, mais pas dans la société actuelle qui exige que l’on sorte enfin du rapport de force pour entrer dans le dialogue et la concertation. » Une réconciliation portée par le projet En Marche ! que Pacôme Rupin juge, plus que nécessaire, « salutaire ». D’où sa décision de rejoindre le mouvement en avril dernier. Pour être dans l’action plus que dans la posture.
Responsabilité démocratique
Adjoint au maire du 4e arrondissement depuis 2014, salarié d’En Marche ! pendant un an, il démissionne de ses deux fonctions le 15 mai dernier, au lendemain de son investiture. Objectif : « Mener campagne pleinement et librement et envoyer un message fort de non-cumul des mandats. »
Son ambition : replacer le citoyen et ses besoins au cœur de la décision politique. Une évidence jusqu’alors trop souvent perdue de vue par les politiques, selon lui. « Pour répondre à ce qu’on estime être le besoin du citoyen, on ne commence jamais par l’expérience mais par le dogme, ce qui est déresponsabilisant et dangereux. Pour répondre à ses besoins, il faut faire avec le citoyen et non pour lui : c’est cela la méthode Macron », résume l’ancien militant qui, il y a quelques mois encore, contribuait à la mettre en œuvre sur le terrain durant la campagne de porte-à-porte visant à recueillir les attentes des citoyens et à les faire remonter au sein du parti.
Une méthode que Pacôme Rupin entend bien déployer à échelle de la 7ᵉ circonscription de Paris via des ateliers citoyens. « Pour faire participer chacun et développer l’intelligence collective » et, ce faisant, rappeler chacun à ses responsabilités. Celle de connexion au terrain pour le politique. Celle de participation à l’exercice démocratique pour le citoyen.
Caroline Castets