Arkéa IS est un des leaders français de la gestion d’actifs, avec 53 milliards d’euros d’encours sous gestion. Entre synergies internes et volonté d’adaptation constante, l’archipel de gestion d’actifs du groupe Crédit Mutuel Arkéa prépare l’avenir avec optimisme. Sébastien Barbe, président du directoire, partage sa vision actuelle du secteur.

Décideurs. Vous avez l’ADN d’un gérant. Quelle différence cela fait-il lorsqu’on est dans la peau d’un dirigeant ?

Sébastien Barbe. Le rôle d’un dirigeant est de challenger les équipes et d’avoir une vision d’ensemble. Bien que les fonctions de dirigeant impliquent de nombreuses responsabilités, j’apprécie beaucoup de participer au travail de nos gérants en échangeant avec eux de manière régulière. Ne pas faire de gestion au quotidien permet, par ailleurs, de prendre un certain recul sur les questions qui se présentent, ce qui s’avère très utile en évitant le bruit de court terme imposé par les marchés.

Conquérir la clientèle institutionnelle, quel est le secret ?

Se faire une place auprès des investisseurs institutionnels nécessite de présenter des produits ou des solutions qu’ils ne font pas déjà eux-mêmes. En ce qui nous concerne, nous avons par exemple développé les offres en actifs non cotés, que ce soit en dette pour Schelcher Prince Gestion ou en infrastructure et en capital pour Swen Capital Partners, les solutions en investissements complexes comme le Risk Premia chez Arkea Cross Asset Solution. Par ailleurs, l’un des défis de l’industrie est de porter vers le segment Retail les expertises offertes aux seuls Institutionnels.

« Si la gestion d’actifs devient difficile en 2019, les acteurs chercheront et trouveront inexorablement de nouvelles opportunités »

 Quelles perspectives sont ouvertes par les difficultés du marché ?

Si la gestion d’actifs devient difficile en 2019, les acteurs chercheront et trouveront inexorablement de nouvelles opportunités, ce que la baisse de marché offrira. En outre, le développement de la technologie, que ce soit dans le processus d’analyse, de gestion, voire même dans les processus de souscription des OPCVM sera un facteur accélérateur de redistribution des cartes. La concentration du secteur s’accélèrera donc.

Quel relais de croissance pourrait être amenés par la loi Pacte ?

Les sociétés de gestion sont concernées par la loi Pacte via l’épargne salariale et retraite en général. C’est un marché en croissance naturelle que nous adressons.

Votre message au marché ?

Le marché institutionnel est difficile car il subit ses propres rapprochements, enjeux règlementaires complexes et déflation sur les prix. Il reste, en revanche, beaucoup à faire pour adresser le marché retail, tant en termes de solutions que de pédagogie. Comment, en effet, faire passer le message que dans la constitution d’une épargne longue, la baisse des marchés est paradoxalement une bonne nouvelle ? Comment transmettre cette culture du temps long au particulier ? Comment lui permettre d’accéder aux solutions jusqu’alors réservées aux professionnels ? Ces défis sont passionnants.

Propos recueillis par Yacine Kadri

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