Entrepreneur sur le tard et issu d’un milieu modeste, Jim Ratcliffe a fait fortune dans la pétrochimie grâce à sa société Ineos. Un secteur qui lui a permis de décrocher le titre de britannique le plus riche. Homme discret et partisan du Brexit, il est depuis cet été résident fiscal à Monaco.

La plus grosse fortune de Grande-Bretagne n’est pas un prospère héritier issu de la noblesse depuis des générations ou un magnat de la City. Depuis 2018, la place est occupée par Jim Ratcliffe, fondateur et P-DG du groupe pétrochimique Ineos.

Né en 1952 à Failworth petite ville située dans la banlieue nord de Manchester, il passe son enfance dans un logement social entouré d’un père menuisier et d’une mère employée de bureau. Jim Ratcliffe est le premier membre de sa famille à aller à l’université. En 1974, il en ressort diplômé de chimie, ce qui lui permet de travailler comme ingénieur chez Esso.

Un entrepreneur sur le tard

Peu à peu, Jim Ratcliffe réalise que ses seules compétences de chimiste ne suffisent pas à assouvir son ambition : devenir milliardaire. Pour donner un nouvel élan à sa carrière, il estime que des connaissances en finance sont indispensables. En 1989, il valide un MBA à la London Business School puis rejoint le fonds de private equity Advent qu’il dirigera.

C’est en 1998 qu’il crée Ineos. Profitant d’une restructuration du secteur des raffineries et des produits pétrolifères, le groupe grossit à toute vitesse grâce à une stratégie basée sur la croissance externe. En 2006, la société de Jim Ratcliffe frappe un grand coup et rachète pour 9 milliards de dollars Innovene, filiale de BP spécialisée dans les produits pétroliers. Un investissement qui permet au groupe de consolider ses positions en Italie, en Allemagne, en Belgique au Canada et en France. Mais les acquisitions ne s’arrêtent pas là. Dernier gros coup en date : le rachat des activités pétrolifères de la société d’État danoise Dong Energy. Désormais, Ineos compte 24 000 salariés répartis sur une centaine de sites dans vingt-quatre pays. Côté financier, le groupe n’est pas coté en Bourse et n’est donc pas tenu de publier ses comptes.

Pour faire croître son empire, Jim Ratcliffe est prêt à investir massivement dans les infrastructures et la recherche et développement. Mais, il n’a aucuns scrupules à s’opposer aux syndicats. En 2013, il sort gagnant d’un bras de fer avec les représentants des salariés de la raffinerie de Grangemouth en Écosse qui ont été contraints d’accepter un plan social ainsi qu’une baisse des avantages sociaux et des retraites contre un plan de modernisation. Une situation clairement assumée par le milliardaire : « J’entends dire que je suis sans pitié quand j’envisage de fermer une unité qui perd de l’argent. Mais il n’y a qu’en Europe qu’on a une telle attitude. Aux États-Unis ou en Chine, personne ne pense cela », déclare-t-il dans une interview accordée au Monde en 2013.

Si la chimie reste le cœur de l’activité de Jim Ratcliffe, il n’hésite pas à investir dans d’autres projets. Ce défenseur de l’industrie britannique est ainsi à la tête du « Projekt Grenadier » qui vise à créer et produire le successeur du très british tout-terrain Range Rover Defender.

Un patron pro-Brexit

Contrairement à d’autres grandes fortunes Jim Ratcliffe reste discret sur sa vie personnelle. Mais il ne fait pas mystère de ses idées politiques. En 2015, il déclare au Sunday Times qu’il soutient le Brexit au motif que « les britanniques sont parfaitement capables de s’occuper des britanniques et n’ont pas besoin que Bruxelles leur dise comment faire ». Pour lui, la sortie de l’Union européenne est avant tout un moyen d’éviter la bureaucratie et les taxes. Car s’il y a une chose à laquelle Jim Ratcliffe semble allergique, c’est la fiscalité. En 2008, pour protester contre l’imposition trop élevée au Royaume-Uni, il installe le siège social de sa société en Suisse dans le canton de Vaud. Avant de faire machine arrière en 2016.

En août 2018, il suscite la polémique puisqu’il choisit de s’installer à Monaco, lieu connu pour ne pas faire payer d’impôts sur le revenu aux citoyens étrangers… Une initiative qui suscite de vives critiques en Grande-Bretagne. Mais Jim Ratcliffe assume. Ce passionné de marathon poursuit sa course d’endurance et a la ferme intention de consolider Ineo et sa fortune dans les années à venir.

Montant de sa fortune : 13,4 milliards de dollars

Sir Jim : En juin 2018, il a été anobli par la Reine Elisabeth II

Passion foot : Depuis 2017, il est propriétaire du club de football suisse Lausanne Sport. Il compte investir encore dans le ballon rond en se positionnant comme repreneur de l'OGC Nice.

Lucas Jakubowicz

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