Tournant dans le bras de fer entre le directoire d’Unibail-Rodamco-Westfield et Refocus
Un tremblement de terre de forte magnitude a secoué le monde boursier aux alentours de minuit : le projet d’augmentation de capital de 3,5 Mds€ soumis aux votes des actionnaires d’Unibail-Rodamco-Westfield par le directoire de la foncière a été rejeté tandis que les nominations de Léon Bressler, Xavier Niel et Susana Gallardo au conseil de surveillance, proposées par les opposants à la stratégie du management actuel, ont été approuvées. Autrement dit, la majorité des votants par internet et par voie postale a suivi le consortium "Refocus" sur les principales résolutions présentées à l’Assemblée générale mixte des actionnaires. Les soutiens de Léon Bressler et Xavier Niel comme Guillaume Poitrinal (dirigeant d'URW de 2005 à 2013) ont rapidement salué le résultat et appellent désormais à un changement de gouvernance.
Mais Christophe Cuvillier, l’actuel président du directoire d’Unibail-Rodamco-Westfield, n'a pas l'intention de jeter l'éponge.
La réponse du directoire d’URW
"C’est le futur de l’entreprise qui se joue et non pas celui de tel ou tel membre du directoire, répond Christophe Cuvillier quant à une éventuelle démission. Ma seule préoccupation aujourd’hui, partagée par l’ensemble des équipes de direction d’Unibail-Rodamco-Westfield, c’est de servir l’intérêt de l’entreprise au service de tous ses actionnaires." Il a d’ailleurs insisté sur le mot "tous" en prononçant cette phrase (à partir de 29’40 dans cette vidéo). "Le rejet de l’augmentation de capital n’est pas non plus un vote en faveur du plan du consortium d’actionnaires opposés au projet, détaille le président du directoire. Si vous regarder les chiffres, il y a eu beaucoup plus d’actionnaires, à peu près 60 % de plus de votes en faveur de l’augmentation de capital qu’en faveur du plan alternatif. Et quand nous regardons par rapport au quorum qui, je le regrette, n’est pas plus élevé, c’est à peine plus de 22 % des actionnaires qui ont voté contre l’augmentation de capital." La résolution portant sur cette dernière a recueilli précisément 61,62 % des votes mais la majorité des deux tiers était requise pour l’approbation.
Dans ces conditions, le bataille entre les défenseurs du plan Reset et ceux du plan Refocus semble devoir se poursuivre. "Nous allons réunir le conseil de surveillance dans les prochains jours en présence de ses nouveaux membres et du directoire pour discuter des résultats de cette assemblée générale et continuer à travailler afin de trouver d’autres solutions que nous n’avons pas aujourd’hui mais que nous nous engageons à chercher afin de réduire l’endettement du groupe rapidement, annonce Christophe Cuvillier. L’annonce d’un vaccin que nul ne pouvait anticiper va peut-être nous ouvrir un certain nombre de perspectives pour accélérer certaines cessions. Et nous devons bien sûr mettre en œuvre les autres volets de notre plan Reset (4 Mds€ de cessions d’actifs, réduction du dividende en numéraire pour économiser 1 Md€, réduction des dépenses d’investissements à hauteur de 800 M€) qui restent indispensables à l’atteinte de nos objectifs de désendettement."
"Le rejet du projet d'augmentation de capital et l'approbation des trois candidats au conseil de surveillance à une large majorité valide notre campagne Refocus, à laquelle la direction de l'entreprise s'est activement opposée dès le début, analysent pour leur part Léon Bressler et Xavier Niel. Il appartient donc au directoire de tirer les conclusions de ce résultat." Ils ajoutent : "Nous exécuterons fidèlement le mandat qui nous a été confié par les actionnaires, à savoir assurer une situation financière et un bilan solides, poursuivre une stratégie claire de recentrage sur le portefeuille d'actifs européens prime et mettre en place une gouvernance d'entreprise conforme avec les meilleurs standards internationaux." Les échanges entres les membres du conseil de surveillance s'annoncent musclés lors de sa prochaine réunion.