Le gouvernement précise les conditions d’activité du BTP pendant le confinement
"Le secteur du logement et de la construction va pouvoir continuer son activité en amont comme en aval". Emmanuelle Wargon, ministre chargée du Logement, a tenu à rassurer les professionnels du BTP et de l’immobilier au lendemain de l’annonce du reconfinement par Emmanuel Maron.
"Sur la partie chantiers, nous continuerons à nous appuyer sur le "guide de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités de la construction-Covid-19" de l’organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP), détaille la ministre. Il a été mis à jour régulièrement depuis sa première édition au mois d’avril. Sa dernière version date du 21 octobre." Elle assure également que toutes les entreprises du secteur, grandes comme petites, sont concernées et promet la continuité de la chaine d’approvisionnement des matériaux de construction.
Concernant l’amont, les délais d’instructions des permis de construire et des autorisations d’urbanisme ne seront pas prolongés. "Les administrations d’Etat et territoriales continueront leurs activités, explique Emmanuelle Wargon pour justifier ce choix. Nous travaillons par ailleurs avec les associations de collectivités territoriales pour porter un message commun visant à soutenir la délivrance des permis de construire." Enfin, il restera possible de signer une vente. Les notaires mettront en place des procédures dématérialisées ou, à défaut, il sera possible de signer sur place. Autant de précisions qui ont été diversement appréciées par les professionnels.
Des acteurs partagés entre soulagement et inquiétude à moyen terme
"Si nous sommes satisfaits que le BTP puisse continuer à travailler, nous demandons néanmoins que nos entreprises, qui subiraient une perte de chiffres d’affaire du fait d’un refus des clients d’intervenir ou en cas de fermeture de l’entreprise du fait de cas contact, puissent bénéficier du chômage partiel et nos chefs d’entreprises, des aides du fonds de solidarité, réagit Jean-Christophe Repon, président de la confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB). Nous demandons également un décalage des charges et un allongement des délais pour les marchés publics et des délais de dépôt des dossiers de qualification. Il en va de la survie de nos entreprises et de l’économie française."
Le président de la fédération française du bâtiment (FFB) Olivier Salleron se veut quant à lui volontaire : "Le bâtiment va entrainer le reste de l’économie."
La réaction est plus mitigée du côté de la Fédération nationale des travaux publics. "Les entreprises resteront pleinement mobilisées dans tout le territoire, malgré le reconfinement, d’autant qu’elles disposent de tous les outils pour assurer la sécurité sanitaire des personnels, souligne la FNTP. Pour autant, une baisse sans précédent des appels d’offres menace le secteur, au point que les entreprises, en priorité les TPE/PME, craignent un arrêt de l’activité d’ici la fin de l’année sans une relance massive des projets des collectivités locales, tout particulièrement des communes et des intercommunalités." Son président Bruno Cavagné enfonce le clou : "Au-delà des services publics accueillant du public, c’est bien l’ensemble des services nécessaires à la continuité économique de la nation qui devront continuer à être mobilisés. C’est à cette seule condition que le secteur des travaux publics pourra poursuivre son activité."
L’Union nationale des aménageurs (Unam) se félicite pour sa part que "le pire ait été évité pour l’industrie de la construction." Son président François Rieussec attend néanmoins des mesures complémentaires : « Je compte sur l’appui de notre ministre car le contexte commande à nouveau de décomplexifier le montage et d’accélérer la réalisation des opérations. Les mesures pour rattraper le temps perdu pendant le premier confinement sont prêtes à être adoptées. J’espère qu’elle va appuyer sur le bouton !" Emmanuelle Wargon reste attendue au tournant.