Cathia Birac (Axel Performance) : "La formation n’est pas un événement, c’est un cheminement"

Décideurs. En quoi la formation aux soft skills est-elle devenue un enjeu stratégique pour les entreprises ?

Cathia Birac. L’importance des soft skills est devenue capitale dans le monde professionnel. Le développement du numérique et de l’intelligence artificielle transforme les métiers, mais les machines ne se substituent pas aux réflexions complexes. Les interactions sociales et la capacité à travailler ensemble ne peuvent encore être remplacées. Pour être un bon manager, la palette de compétences nécessaires est devenue de plus en plus large : il faut notamment faire face aux attentes de la génération Z, aux défis de la diversité, aux problématiques de rétention tout en étant capable d’atteindre les résultats attendus.

Pour soutenir les managers dans ce rôle de plus en plus complexe, il convient d’abord de prendre conscience que c’est justement dans ce domaine des soft skills qu’ils se sentent le moins bien équipés. Leur permettre de développer ces compétences c’est aussi leur donner les clés pour alléger leur charge mentale, s’assurer de leur bien-être et donc de leur performance. Les entreprises qui l’ont compris et qui ont mis l’humain au cœur de leur stratégie sont celles qui réussissent le mieux.

Quelle est la meilleure manière de former aux soft skills ?

La formation a longtemps été considérée comme un processus qui part du recensement des besoins, passe par la sélection de prestataires et la construction d’un catalogue pour finir avec la réalisation d’enquêtes de satisfaction. Perçue par les collaborateurs comme une parenthèse dans leur quotidien professionnel, elle se résume trop souvent à un événement ponctuel, mais une compétence soft skill ne s’acquiert pas du jour au lendemain.

Pour développer les soft skills, l’entreprise a la responsabilité de mettre tout en œuvre pour permettre une acquisition de compétences de manière durable, qui se caractérise par un passage à l’action immédiatement après la formation et la mise en place de nouveaux réflexes. À la différence des compétences techniques, se former aux soft skills, c’est s’engager dans un cheminement pour changer des habitudes et comportements parfois installés depuis l’enfance et qui sont les fruits d’une personnalité. Savoir quoi faire est une chose, s’être exercé pour appliquer un outil en est une autre mais avoir les bons réflexes d’utilisation au bon moment par la suite relève d’un apprentissage qui se construit dans la durée.

"Nous sommes aujourd’hui les seuls à pouvoir proposer en France deux programmes de référence dans le domaine de la communication : Conversations Cruciales pour aller au dialogue, et Conversations Cruciales pour engager et responsabiliser"

Comment le cabinet Axel Performance accompagne-t-il les entreprises dans cette démarche ?

L’apprenant embarque avec nous pour un voyage unique : pendant la formation il chemine avec l’un de nos experts – tous issus du monde de l’entreprise et souvent de la direction RH – qui va lui transmettre les connaissances théoriques et l’accompagner dans la mise en pratique immédiate des outils. L’apprenant est ensuite prêt à se jeter à l’eau et à partir naviguer en toute autonomie. Les compétences que nous lui avons transmises seront son ancre, une boîte à outils en soft skills sur laquelle s’appuyer au quotidien, car toutes nos formations sont proposées avec un suivi.

Plus qu’une simple boîte à outils, nous proposons des expériences d’apprentissage déployées dans la durée afin d’opérer des changements comportementaux durables au sein des équipes. L’une des offres qui a fait notre notoriété concerne la méthode des Conversations Cruciales, que nous avons introduite en France au travers de notre partenariat avec Crucial Learning, un des plus grands organismes de formation au monde. Nous sommes aujourd’hui les seuls à pouvoir proposer en France deux programmes de référence dans le domaine de la communication : Conversations Cruciales pour aller au dialogue, et Conversations Cruciales pour engager et responsabiliser.

Pouvez-vous parler plus en détail de cette méthode des conversations cruciales ?

Il s’agit d’un réel prisme de compréhension des relations interpersonnelles qui va influencer la manière de penser, de parler et de se comporter dans toutes les situations de la vie. C’est la soft skill par excellence. Une conversation dite "cruciale" comporte un enjeu élevé, des opinions divergentes et un fort investissement émotionnel. Or, n’importe quel échange qui démarre à bâtons rompus peut devenir crucial.

Par conséquent, ne pas prêter attention à la manière dont la discussion se déroule peut mener à une spirale contre-productive où chacun veut avoir le dernier mot, ce qui risque de laisser des traces dans la relation. Notre méthode permet de résoudre, par le dialogue, l’ensemble des situations qui peuvent se présenter dans l’entreprise, et d’aider ainsi les individus à oser dire les choses, dans la bienveillance et la sincérité, et ce, en toute circonstance.

Dire les choses telles qu’elles sont, encourager le dialogue pour faire avancer la réflexion et/ou l’action, cela relève également du courage managérial. Nous avons ainsi accompagné tous les échelons d’entreprises du CAC 40, des comités de direction aux opérateurs de production. Si la manière d’animer la formation et les exemples présentés peuvent différer, la méthodologie reste la même pour transmettre ces clés de compréhension indispensables.

Quels autres programmes proposez-vous aux entreprises ?

Nous proposons également des formations sur l’influence, le pouvoir des habitudes, le changement de comportements, l’organisation personnelle et la charge mentale. Nous avons également récemment lancé l’outil SDI – "Strength Deployment Inventory" – pour évaluer, en amont de la formation, la personnalité, les valeurs et les modes de fonctionnement au sein d’une équipe. Enfin, sur le leadership, nous travaillons notamment en partenariat avec Blanchard, l’un des leaders mondiaux de la formation.

"Une autre de nos particularités est de proposer la certification de formateurs internes aux entreprises et grands groupes"

De quelles modalités disposez-vous pour mener ces programmes de formation ?

Nos formats sont variés et s’adaptent aux besoins de nos clients, allant de l’animation de formations et de conférences à des ateliers. Nous proposons également un dispositif d’auto-apprentissage, au travers de l’immersive learning. L’apprenant est immergé dans une simulation gamifiée, pour acquérir les concepts de manière ludique, à son rythme, au gré de ses rencontres avec différents avatars, grâce à une pédagogie extrêmement riche qui favorise l’apprentissage cognitif, expérientiel et l’ancrage mémoriel. En format blended learning, couplé avec l’intervention à différentes étapes d’un coach, ce dispositif innovant est aujourd’hui plébiscité par les clients.

Votre philosophie est de garantir un transfert de compétences efficace dans la durée. Comment y parvenez-vous ?

Une autre de nos particularités est de proposer la certification de formateurs internes aux entreprises et grands groupes. Pour cela, nous mettons à leur disposition une méthodologie d’animation éprouvée et un éventail très large de ressources pour s’approprier nos outils. Les personnes ainsi formées peuvent alors à leur tour assurer les formations en interne, à leur rythme, et les adapter à leur culture d’entreprise et aux spécificités propres à chaque pays d’implantation. Grâce à la certification de formateurs internes, le développement des soft skills peut réellement faire partie intégrante de la culture de l’entreprise, puisque tout est internalisé et personnalisé. C’est pourquoi cette approche rencontre un vif succès auprès de nos clients. Autant d’atouts qui font le succès de notre organisation depuis plus de quinze ans sur le marché français.

Entretien avec Cathia Birac, dirigeante, Axel Performance