Alors que l’exécutif peaufine les détails du plan de relance qui sera présenté le 24 août, la députée LREM des Yvelines Marie Lebec revient sur ses grands axes et ses modalités de financement. Elle l’assure, les Français ne mettront pas la main au portefeuille.

Décideurs Magazine. Rénovation de bâtiments, investissement dans le chemin de fer, construction d’usines de batteries… En l’état le plan de relance semble plutôt keynésien. C’est un terme assumé ?

Marie Lebec. Pour soutenir les entreprises qui vont souffrir de la crise post-Covid, moderniser notre économie et la rendre durable, il faut savoir investir massivement. Mais je rappelle que l’État a fortement diminué son déficit depuis trois ans. Il est au niveau le plus bas depuis 2001 et, avant la crise, notre dette publique débutait un reflux. En somme, nous disposons de finances publiques plus saines pour aujourd’hui investir dans l’économie. Les derniers indicateurs sont d’ailleurs encourageants et montrent une reprise meilleure qu’attendue, même si nous devons être prudents.

Le mot clé qui revient le plus dans ce plan de relance c’est "décarbonation" …

La croissance doit être verte. Cela demande de gros efforts aux entreprises en matière d’innovation, de recrutement, de modernisation de sites… L’État est prêt à les accompagner en consacrant une large part du plan de relance à l’économie verte.

Cela permettra de ne pas être en retard, voire de prendre de l’avance sur les autres pays, d’avoir un avantage concurrentiel sur les grandes innovations de rupture à venir, notamment pour la voiture électrique ou l’avion propre. C’est aussi une garantie pour préserver notre souveraineté et notre prospérité. Précisons que ces aides publiques sont conditionnées à un maintien de l’embauche dans l’Hexagone.

"L'objectif est d'avoir un avantage concurrentiel sur les grandes innovations de rupture"

Le détail du plan sera connu le 24 août mais on connaît déjà le montant : 100 milliards d’euros. 40 viennent de l’UE. Comment sera financé le reste ?

Pas par l’impôt. L’objectif est de soutenir la consommation et nos entreprises donc de ne pas augmenter la fiscalité. Cela prendra plutôt la forme d’emprunt. Certes, le déficit public augmentera momentanément, mais il s’agit d’un investissement qui permettra de créer de l’emploi, de l’innovation, de moderniser l’appareil de production. Notre économie sera gagnante. C’est ne rien faire qui serait dangereux.

Certaines voix s’inquiètent sur le fait que l’UE ne parvienne pas à financer le plan de relance…

Le plan de relance global de l’UE s’élève à 750 milliards d’euros. Mais 360 milliards prennent la forme d’un prêt aux États qui rembourseront la somme. Le reste, 390 milliards, ce sont des subventions. C’est cette partie qui sera financée par les ressources propres de l’UE. Pour cela, elle dispose déjà de ressources comme les droits de douane et une part de TVA. La taxe sur les déchets plastiques est programmée pour l’année prochaine et pour le reste, une taxe sur les Gafa et une sur les produits importés non respectueux de l’environnement seront détaillées. Il semble qu’au vu de la conjoncture, les pays membres soient d’accord pour avancer ensemble. Ce devrait être suffisant pour trouver les formes de financement.

Selon-vous, quels leviers pourraient être actionnés pour contribuer à relancer l’économie ?

Il me semble important de flécher encore davantage l’épargne des Français vers l’activité productive et faire en sorte que le paiement envers les sous-traitants soit le plus rapide possible, notamment pour les TPE et les PME. Sans trésorerie, elles ne peuvent investir et embaucher. Je suis également optimiste sur le pack rebond qui permet de relocaliser des activités industrielles stratégiques en livrant des "sites clé en main" dans les régions. Les premiers sites pilotes ont été dévoilés par la ministre Agnès Pannier-Runacher.

Depuis 2017, nous travaillons sur tous ces sujets. Le plan de relance nous permettra d’accélérer. Un autre point me semble important pour notre économie : continuer à simplifier notre administration pour faciliter l’investissement et la vie des entreprises. Le projet de loi sur l’Action et la Simplification de l’Action Publique (ASAP), porté par le député d’Eure-et-Loir Guillaume Kasbarian va dans ce sens.

Propos recueillis par Lucas Jakubowicz

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