S'introduire en Bourse d'ici trois ans. Tel est l'objectif du français Dataiku qui a levé 101 millions de dollars fin 2018. Son PDG détaille ses plans.

Décideurs. Pouvez-vous nous présenter Dataiku ?

Florian Douetteau. Dataiku est un éditeur de logiciels qui aide les entreprises à créer leurs intelligences artificielles et à exploiter leurs flux de données pour construire des outils de prédiction et d’optimisation. Notre plateforme, le Data Science Studio (DSS), peut traiter, nettoyer, analyser des données issues du big data. Notre ambition est de rendre l’IA et la data science accessibles à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Et au sein de ces entreprises, nous voulons faire travailler ensemble ceux qui maîtrisent le big data et l’IA, comme les data scientists, et ceux qui n’ont pas forcément ces compétences techniques, mais possèdent de vraies connaissances marketing, logistiques, industrielles.

Quels sont les objectifs de cette nouvelle levée de fonds, la quatrième la plus importante réalisée en France en 2018 ?

Elle va nous permettre de poursuivre sur notre lancée et nous donner une visibilité sur deux ou trois. A cette date, nous souhaitons nous introduire en Bourse. Nous voulons assurer notre position d’éditeur de logiciels indépendant, sans avoir besoin de nous appuyer sur un grand groupe ou de passer par la case rachat pour se développer. Cette levée de fonds va aussi nous permettre de parachever les chantiers entrepris grâce aux deux précédents tours de table, dont le passage à la vitesse supérieure sur les marchés internationaux et l’accélération de notre développement marketing et commercial.

Quelles évolutions constatez-vous parmi vos clients ?

L’arrivée de l’IA dans les entreprises a créé de nouveaux métiers, de nouveaux usages et de nouveaux besoins. C’est par exemple le cas avec le développement de l’automatisation de certaines tâches ou de certaines décisions par la machine, ou avec l’aide de la machine. Pour les entreprises, cette mutation nécessite une évolution des compétences et équipes et une maîtrise opérationnelle de l’IA, de ses coûts, de ses risques. Une IA ne se gère pas comme un site internet. Nous accompagnons une transformation globale de nos clients et nous voulons leur permettre de prendre le contrôle de cette transition.

Certains secteurs sont-ils plus réceptifs à l’IA ?

Nous constatons un intérêt pour l’intelligence artificielle et la data science dans tous les secteurs, avec l’émergence de deux grandes tendances de fond. Tout d’abord, de plus en plus de grandes marques optent pour une internalisation de leur stratégie marketing au lieu de passer par une agence externe. C’est là que l’IA et la science des données peuvent intervenir en leur offrant des outils d’analyse et de prédiction des comportements des utilisateurs et des consommateurs. Depuis un ou deux ans, nous constatons aussi une demande croissante de secteurs comme les constructeurs automobiles – et tout particulièrement ceux qui développent la voiture de demain –, la micro-électronique ou l’aéronautique. Ils souhaitent améliorer leurs chaînes de fabrication et d’approvisionnement qui sont devenues digitales. Un suivi analytique de ces chaînes permet d’en optimiser le fonctionnement, par exemple en anticipant le besoin d’achat de pièces.

Dataiku a un pied des deux côtés de l’Atlantique. Constatez-vous une différence dans l’adoption de l’IA entre l’Europe et les États-Unis ?

Les États-Unis ont une plus grande maturité en matière d’intégration de l’IA, non seulement en termes d’équipe mais aussi d’investissements. Nous y réalisons d’ailleurs la moitié de notre chiffre d’affaires. Il existe aussi une appétence forte des marchés asiatiques, ce qui explique notre décision d’ouvrir des bureaux à Singapour mais aussi à Sydney pour nous rapprocher de ces clients.

Cécile Chevré

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