L’économiste et essayiste américain somme les hommes et femmes d’affaires de contribuer dès aujourd’hui au renouvellement de leur modèle économique et sociétal.

« Nous basculons d’une ère de progrès à une ère de résilience. » C’est avec ces mots que Jeremy Rifkin a cherché à interpeller, ce mercredi 29 mars, le parterre d’hommes et de femmes d’affaires qui assistaient à l’événement « Modern Business Experience » organisé par Oracle. Sans remettre en cause les bénéfices économiques et sociaux des révolutions industrielles qui ont façonné nos économies modernes, l’écrivain américain a rappelé l’urgence du changement. Parce que le réchauffement climatique menace l’existence même de notre espèce, mais aussi parce que nous sommes arrivés au bout d’un modèle qui crie son essoufflement. Son équipe prédit vingt ans supplémentaires de faible productivité et de croissance lente : « Nous vivons une crise économique de long terme : nous avons besoin d’une nouvelle vision économique mondiale. »

 

La fin du travail ?

Pour l’économiste, le progrès technologique va grandement faciliter cette mutation nécessaire. Dans le domaine de l’énergie d’abord, où le développement de l’éolien et du solaire trace une nouvelle voie vers un futur propre. Mais aussi dans le domaine de l’emploi, thème phare de ses différents travaux – il avait publié, en 1995, son ouvrage maintenant célèbre La fin du travail. « Dans le futur, les emplois iront au secteur de l’économie sociale », a-t-il ainsi affirmé. Pourquoi ? D’abord parce que si les machines peuvent effectuer des tâches très complexes, l’Homme reste indispensable dans certains secteurs comme le service à la personne. Ensuite parce que la nature même de l’être humain le pousse à l’empathie. « Nous voulons tous croire que nous contribuons [à un système sociétal]. »

 

La génération Y, clé du changement

Ce fils d’industriel né en 1945 compte pour cela sur la génération Y. Souvent critiquée, raillée ou crainte, elle est pour lui la clé de demain. Car elle représente le changement : c’est la génération du partage, de l’ouverture, de la flexibilité. Celle du pouvoir distribué, de la fin des modèles pyramidaux hérités de l’industrie. Celle de la transparence et de l’interconnexion. Celle qui a placé la qualité de vie au sommet de ses priorités. « Nous avons une génération pour agir avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il affirmé. « Vous, les entreprises françaises, avez l’expertise nécessaire au changement. Cela ne peut pas attendre demain matin. » Une injonction largement applaudie. Qui contribuera peut-être à instiller un souffle nouveau dans les conseils d’administration dès aujourd’hui.

 

@Camille Prigent

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