La Macif compte actuellement 11 000 collaborateurs en France. Au sein des nombreuses mutations du monde du travail, l’organisation du temps de travail représente un levier important d’attractivité et de rétention des talents. Comment construire une culture d’entreprise dans laquelle les collaborateurs d’aujourd’hui puissent s’inscrire sur un temps long ? Nicolas Llorens, DRH de la Macif, nous apporte quelques clés de réponse.
Nicolas Llorens (la Macif) : "Nous avons fait le choix d’identifier la question des aidants comme un sujet à part entière"
Décideurs RH. Les notions de flexibilité et d'équilibre vie personnelle-vie professionnelle traversent l'ensemble des réflexions RH. Comment concilier au mieux culture d'entreprise et prise en compte des attentes singulières de chaque collaborateur ?
Nicolas Llorens. Depuis la sortie de la crise sanitaire, la question de l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle apparaît comme cruciale au sein des politiques RH, que cela soit pour les jeunes actifs ou les plus âgés. Ce principe de flexibilité se fait au bénéfice du salarié et est aussi une opportunité pour l’entreprise d’inscrire les collaborateurs dans un temps long. Il nous appartient, en tant qu’employeurs, de trouver le bon équilibre. Pour mieux comprendre les attentes des salariés, à la Macif nous adressons cette question par l’intermédiaire de notre baromètre social annuel.
"Ce principe de flexibilité se fait au bénéfice du salarié et est aussi une opportunité, pour l’entreprise, d’inscrire les collaborateurs dans un temps long"
La question du temps de travail est très présente…
Le prisme de la réflexion concerne la prise en compte des temps de vie des salariés tout au long de leur parcours professionnel. Nous négocions régulièrement des accords d’entreprise pour y répondre. Déjà proactifs sur l’alternance, qui ne concerne d’ailleurs pas uniquement les jeunes, nous travaillons à présent sur l’emploi des seniors. À la Macif, le plus jeune de nos salariés a 17 ans et le plus âgé en a 69.
Selon l’Agirc-Arrco, en France un collaborateur sur quatre deviendra aussi un aidant, d’ici 2030. Avez-vous mis en place certains dispositifs à destination de cette population ?
Le sujet des salariés aidants est devenu crucial. Malheureusement, tout comme cela a pu être le cas pour le handicap, notre prise de conscience collective sur cette thématique reste, à date, insuffisante et pas suffisamment proactive par rapport à la situation réelle.
À la Macif, 222 collaborateurs se sont manifestés en situation d’aidants. Ce chiffre, comparé aux statistiques, suggère qu’une partie des personnes aidantes ne se déclarent pas chez nous. Nous devons, en premier lieu, garantir aux collaborateurs que cette déclaration soit bien accueillie et accompagnée. Pour prendre à bras-le-corps cette thématique, nous avons fait le choix d’identifier la question des aidants comme un sujet à part entière pour en faire un accord spécifique. Le dispositif déjà en place implique ainsi aussi bien des personnes de la DRH que des assistants sociaux externes. Au total, une trentaine de personnes peuvent être sollicitées pour accompagner et conseiller nos collaborateurs. Nous disposons également d’un système de dons de jours pour que les aidants puissent en bénéficier et d’un système de prise en charge d’une partie du temps partiel.
Quel rôle a le manager de proximité concernant ces questions d'équilibre vie professionnelle-vie personnelle ?
On ne naît pas manager. Être manager est une mission primordiale dans le fonctionnement de nos organisations, d'autant plus dans des entreprises où les équipes maillent l'ensemble du territoire. La personne qui a comme mission principale d'accompagner les collaborateurs confiés doit pouvoir être appréciée sur cette compétence de manière objective. La contrepartie de cette ambition réside dans l'autonomie et les moyens qui leurs sont alloués pour exercer leur rôle au quotidien.
Ainsi, nous nous assurons systématiquement que dans l'évolution de nos accords d'entreprise et de nos politiques RH, nos ambitions confortent les initiatives et les décisions des premières lignes managériales.
Propos recueillis par Elsa Guérin