Avocate associée à la tête de l’équipe droit social de Bredin Prat, Pascale Lagesse occupe un rôle central au sein de l’International Bar Association, la plus grande organisation de praticiens du droit, de cabinets d'avocats et de barreaux internationaux. Portrait.

Membre du comité exécutif, trésorière assistante et présidente du membership comittee… Pascale Lagesse multiplie les casquettes au sein l’International Bar Association (IBA). Si l’avocate y a endossé de plus en plus de responsabilités, c’est parce qu’elle est passionnée par le travail qu’elle réalise pour l’organisation. "Pour moi, il faut que les choses aient un sens", affirme-t-elle. Ce sens, elle l’a trouvé de plusieurs façons à l’IBA où elle est fière de pouvoir faire "bouger les choses" en tant que femme et en tant que Française.

C’est par un heureux hasard que Pascale Lagesse découvre l’IBA en 1995, alors qu’elle exerce comme collaboratrice chez Gide. "J’ai dû remplacer mon patron de l’époque, Hubert Flichy, à un colloque lors de la conférence annuelle qui se tenait à Paris cette année-là. C’était la première fois de ma vie que je prenais la parole lors d’un tel événement international", se souvient-elle. Les années passent et de fil en aiguille, l’avocate enchaîne les rôles de plus en plus importants au sein de l’association : elle a été editorial officer puis pour la revue du comité de droit du travail, puis chair de celui-ci et du global employment institut ainsi qu’officier de la legal practice division.

Une avant-gardiste

Ces expériences lui ont permis d’acquérir "une certaine créativité dans ma manière d’exercer, une façon de penser out of the box". Très portée sur les sujets innovants, la spécialiste du droit social a enrichi sa pratique grâce aux différentes cultures juridiques qu’elle a découvertes à l’IBA. "Le droit de la discrimination n’était pas un sujet majeur en Europe il y a une vingtaine d’années. C’est sous influence américaine et anglo-saxonne que je m’y suis intéressée, car je présidais des tables de travail avec des confrères où nous abordions ces types de sujets. C’est la même chose pour le thème du lanceur d’alerte qui est aujourd’hui devenu l’un de mes dadas", explique Pascale Lagesse. Ainsi, lorsqu’elle a eu l’occasion de définir le programme des Assises du droit social dont elle est vice-présidente, elle a "choisi d’axer les deux plus grandes conférences sur le thème du travail de demain, en incluant par exemple les sujets de l’intelligence artificielle ou encore de la RSE".

Son travail d’avocate est également imprégné de cette richesse culturelle et juridique : "J’accumule des connaissances, de la matière brute et m’en inspire dans le conseil que je donne." Les formations sur les enquêtes internes qu’elle dispense en entreprise touchent elles aussi directement les acteurs du tissu économique français. Son rapport spécial concernant le statut des lanceurs d’alerte réalisé il y a deux ans pour l’institut Messine et le guide des Best Practices for Conducting Internal Investigations qu’elle a élaboré pour l’IBA sont, eux, des projets portant sur des questions juridiques "à propos desquelles il n’y avait pas beaucoup de documentation", estime Pascale Lagesse.

Garder les yeux et l’esprit ouverts

Consciente de ce que lui apporte son travail pour l’IBA, elle sensibilise ses confrères français à l’importance de s’intéresser à ce type d’organisation internationale. "J’essaie d’associer les avocats avec lesquels je travaille aux événements de l’association. Il est pour moi fondamental d’avoir les yeux ouverts sur d’autres expertises et d’autres points de vue car la diversité amène la richesse de tout, raconte l’avocate. Aussi, nous vivons dans un monde globalisé et être au contact de professionnels du droit en provenance du monde entier permet de mieux comprendre les enjeux culturels qu’impliquent les relations avec une clientèle étrangère."

"Il est pour moi fondamental d’avoir les yeux ouverts sur d’autres expertises et d’autres points de vue car la diversité amène la richesse de tout"

Plus personnellement, Pascale Lagesse donne du sens à son implication au sein de l’association. "Le Human Rights Institute de l’IBA se donne pour mission de promouvoir et protéger les droits de l'homme et l'indépendance de la profession juridique dans le monde entier. Ça, ça a du sens", affirme l’avocate. Surtout que les deux années passées ont été particulièrement difficiles. En tant que présidente du membership committee, elle doit "travailler avec toutes les équipes afin de proposer une offre de qualité à nos membres. Il a donc fallu innover et trouver des solutions alternatives pour faire en sorte que la communauté continue à exister lorsque l’organisation de nos traditionnels événements en présentiel n’était plus possible, explique-t-elle. Pour faire cela, on a mis en place une offre 100% virtuelle, qui nous a permis d’organiser 176 événements en 2021, dont 145 webinars et 31 conférences." En 2023, la grande conférence annuelle de l’IBA doit se tenir à Paris, un projet qui devrait encore souligner le rôle majeur que la Française joue au sein de l’association.

Léna Fernandes

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