Merav Griguer Abbou, humaine et innovante
Aujourd’hui experte de la protection des données personnelles, Merav Griguer Abbou est pourtant tombée dans le droit du numérique presque par hasard. Formée en droit des affaires et très portée sur la propriété intellectuelle et le droit des médias, elle ne s’intéressait pas aux technologies lorsqu’elle était encore étudiante. C’est lors de son stage, à l’époque de la chute de la bulle internet, puis de sa collaboration au sein de l’ex-cabinet Salans, au moment où se lance la réforme sur la protection des données personnelles, qu’elle se voit confier ce nouveau type de dossiers sur lesquels elle a l’avantage de poser un œil neuf.
Une approche matricielle
Merav Griguer Abbou explique que c’est son mentor, Christiane Féral-Schuhl, qui l’a poussée à se lancer dans le numérique et la data. "Elle a cru en moi alors que j’étais encore jeune, nouvelle dans ce domaine et peu sûre de moi. J’avais confiance en elle, alors j’y suis allée." Depuis, les enjeux soulevés par la protection des données au sein des entreprises se sont démultipliés. Le secteur des médias ayant complètement pénétré l’écosystème numérique, l’avocate a ainsi pu renouer avec ses premières amours. Elle traite par exemple des problématiques de cybersécurité, de reconnaissance faciale et vocale ou encore d’intelligence artificielle pour des acteurs du luxe, du marketing numérique et de la télévision connectée. Estimant que les avocats doivent, eux aussi, être innovants, elle aborde sa pratique de manière matricielle : "Je prends le juridique et je le décrypte de manière chirurgicale. Je fais de la gestion de risques, tout en tenant compte du côté opérationnel de la problématique, mais aussi de la culture de l’entreprise qui me consulte et de l’environnement éthique du secteur en jeu." À titre d’exemple, une grosse affaire de cyberharcèlement, impliquant du conseil en communication, l’occupe actuellement.
"Je prends le juridique et je le décrypte de manière chirurgicale"
Le dossier dont Merav Griguer Abbou est la plus fière n’est cependant pas lié à son domaine de compétences. Au début de sa carrière, elle a bénévolement défendu (avec succès) les intérêts d’une femme en situation très précaire, en train de perdre son droit de visite à son fils à la Dass. Elle estime "[qu’elle] n’a jamais été aussi utile, cette femme méritait d’être défendue, comme toute personne." L’avocate considère d’ailleurs que son empathie est la clé de son succès, même si elle avoue que ce trait de caractère lui a parfois joué des tours. Ce qui la caractérise également ? Ses liens personnels et professionnels avec Israël. Française née à Beer-Sheva, une ville au sud de ce pays, elle parle couramment hébreu et est désormais inscrite au barreau israélien. S’étant retrouvée entre la start-up nation israélienne et la french tech au fil de son parcours, elle a souhaité pouvoir faire le pont entre les deux communautés en accompagnant ses clients israéliens du secteur des technologies souhaitant entrer sur les marchés français et européen.
Également mère de quatre enfants, elle n’a jamais considéré sa maternité comme un frein dans sa carrière, au contraire. Merav Griguer Abbou raconte même qu’après chaque naissance, elle a fait rentrer une société du CAC40 dans son portefeuille de clients. La musique joue un rôle important dans sa vie, tout comme le sport. Elle suit notamment des entrainements de boxe "pour évacuer, mais aussi pour apprendre à savoir anticiper les coups et si possible à les esquiver, ce qui est utile quand on évolue dans le monde des affaires, surtout en tant que femme."
Léna Fernandes