Née dans la capitale équatorienne Quito à plus de 2 800 mètres d’altitude, Mireya Berteau pilote la stratégie marketing, de communication et de développement du géant Hogan Lovells. Elle est la preuve que la performance exige, au-delà des compétences techniques et de l’expérience, un ensemble de qualités humaines dont seules certaines personnes sont pourvues. Portrait d’une femme qui construit son bonheur professionnel à travers celui des autres.

Quel est le point commun entre le succès, en France, de McDermott et celui de Hogan Lovells ? Dans le monde des cabinets d’avocats, ces deux enseignes ont connu en quelques années une croissance fulgurante après la réalisation d’opérations plus que périlleuses : pour la première, il s’agissait, il y a dix ans, de s'installer à Paris en créant une équipe de toutes pièces ; pour la seconde, de la finalisation d’une fusion transatlantique avec les mécontentements et les divergences que tant d’autres ont connus. Mais là où de nombreux cabinets se sont cassé les dents, McDermott et Hogan Lovells ont gagné leur pari et figurent aujourd’hui parmi les marques unanimement reconnues par leurs concurrents et leurs clients. Derrière ces projets réussis, une pratique marketing incontournable pour toute organisation juridique de conseil souhaitant se structurer : le business development. Et pour l’incarner successivement au sein de ces deux enseignes, l'une des meilleures à Paris : Mireya Berteau.

Les ingrédients de la réussite

Avec le calme qui la caractérise, la Franco-Équatorienne donne une première définition de cette fonction de l’ombre : "Mon métier consiste à faire briller les autres." Mireya Berteau est proche des personnes qui l’entourent. Elle les écoute, les conseille, les accompagne, les incite à se faire entendre et à se faire voir, le but étant qu’elles deviennent leaders dans leur domaine. Sa satisfaction personnelle provient de celle des autres. "C’est lorsque nous atteignons ensemble l’objectif que nous nous sommes fixé que je suis heureuse."

Étudiante, Mireya Berteau rêvait d’être diplomate. "On m’appelait ‘ONU’ chez McDermott", se souvient-elle en souriant

Pour cela, Mireya Berteau use elle-même de leadership, une qualité forgée au fil du temps par ses diverses rencontres. "À chaque étape de ma vie, des personnes exceptionnelles m’ont montré comment voir et aller plus loin, se souvient celle qui a fait ses armes en France dans les années 2000 chez Freshfields. C’est grâce à leurs conseils que je parviens à faire évoluer mon métier." Et c’est ainsi qu’elle utilise les éléments aujourd’hui devenus des classiques de la communication, de l’organisation d’événements à la candidature aux classements des professionnels, comme des tremplins vers des actions artistiques, associatives ou de réseau… "afin de rendre à la société ce qu’elle nous offre à la hauteur de nos possibilités". Tout comme elle a fait évoluer son métier avec l’"utilisation d’outils technologiques, des recettes de management, des preuves de leadership, la formation des plus jeunes…" Mais aussi les méthodes de base du business développement et de la communication en s’impliquant dans la vie même des cabinets ce qui nécessite connaissance des autres et de leur savoir-faire. "On m’a souvent dit que j’avais forgé un métier inexistant", se souvient-elle. Avant de préciser : "Pour être bon dans cette fonction particulièrement exposée aux aléas et aux risques, il faut être sincère dans chacune de ses démarches et avoir les nerfs solides." Celle qui se démarque de ses homologues par sa créativité a montré que la performance n’est pas le résultat d’une longue expérience, mais d’un travail assidu. Très jeune plongée dans le monde du business development, Mireya Berteau en est convaincue : peu importe l’âge ou la technicité, l’énergie et la volonté sont les seuls ingrédients de la réussite. Elle se qualifie elle-même de grosse bosseuse.

"Everything matters"

Des origines sud-américaines, une mentalité anglo-saxonne et une culture française : voilà le subtil mélange qui rend la patronne du marketing, de la communication et du développement chez Hogan Lovells si singulière. Et lorsqu’on l’appelle, on devine son sourire à l’autre bout du fil : pétillante mère de famille au léger accent sud-américain, Mireya Berteau est bienveillante. Une valeur qui va de pair avec le travail qui a guidé sa vie depuis sa tendre enfance. Fille d’un ingénieur géophysicien chez Elf et d’une économiste passionnée par la France, elle a fait ses classes au lycée international français La Condamine de Quito en Équateur avant d’enchaîner les formations académiques prestigieuses : une préparation aux concours au lycée Pierre de Fermat à Toulouse grâce à l’obtention d’une bourse d’excellence du gouvernement français récompensant les étudiants passionnés par la France. Viendront ensuite l’Institut supérieur de commerce de Paris puis l’université de Columbia à New York pour un MBA. Celle qui est née dans une ville située à plus de 2 800 mètres d’altitude est capable d’endurance et de persévérance. "Un ancien managing partner d’une firme américaine m’a dit un jour que pour faire preuve de leadership, il fallait montrer l’exemple. Je m’attache donc à appliquer cette recommandation dans chacune de mes démarches." En d’autres termes, ne jamais imposer aux membres de son équipe quelque chose qu’elle refuserait pour elle-même. Cela provient certainement de son intérêt pour les autres : étudiante, Mireya Berteau rêvait d’être diplomate. "On m’appelait ‘ONU’ chez McDermott", se souvient-elle en souriant. Par ailleurs, elle dit vouloir transmettre la culture et les valeurs de l’entreprise : "Hogan Lovells a comme maîtres-mots dépassement personnel et travail. Mon métier est de les mettre en musique." Afin d’y parvenir, elle s’attache à comprendre les enjeux de la profession d’avocat, ce qui passe par une perception globale du marché dans lequel elle s’inscrit, de la presse aux chasseurs de têtes. C’est aussi comme cela que le leadership s’évalue, verticalement et horizontalement. "Everything matters", retient-elle encore d’un de ses mentors : la perfection se cache dans les détails.

Un grand paquebot

"Emporter l’adhésion au sein d’un groupe de professionnels libéraux n’est pas simple car le collectif n’est pas une valeur naturelle chez les avocats", analyse celle qui, au cours de ses vingt ans de carrière, a multiplié les formations, les conférences devant les associations et les étudiants pour créer l’émulation et partager les recettes. Elle vient d’ailleurs d’accepter de rejoindre le board de Com’ SG qui réunit les secrétaires généraux et les responsables de la communication, du marketing et du business development des cabinets d’avocats en France. Un engagement dont Hogan Lovells tire aussi profit : depuis des années et particulièrement avec la crise sanitaire, la firme réfléchit à la fonction de l’avocat dans la cité, à la place du juriste comme business partner des entreprises. Cela implique d’examiner les différents types de cabinets, leurs points forts et leurs zones de faiblesse, la solidité de leur modèle tout autant que leur capacité à s’impliquer à l'international pour être à la hauteur des besoins des sociétés qu’ils conseillent, à se doter d’outils pour innover et à lancer des initiatives porteuses pour toute la filière juridique. Plus que jamais aujourd’hui, Mireya Berteau insiste sur l’importance d’accoler les notions de finance, d’administration, de gestion des affaires, de réputation, de détermination du prix juste ou encore de gouvernance à la pratique du business development afin de récolter les fruits des actions de développement bien longtemps après les avoir entamées. "C’est comme un grand paquebot, il faut faire lentement avancer les lignes et tracer sa route sur plusieurs mois, voire plusieurs années pour espérer en tirer un réel bénéfice sur le long terme."

"Pour être bon dans cette fonction particulièrement exposée aux aléas et aux risques, il faut être sincère dans chacune de ses démarches et avoir les nerfs solides"

Il faut dire que la Sud-Américaine est rodée aux missions périlleuses : formation des équipes au marketing, détermination d’un positionnement individuel ou collectif, ouverture de cabinets internationaux à Paris… McDermott, qui a vu l’installation de sa marque à Paris en 2011, peut se vanter de compter aujourd’hui dans ce bureau quasiment une centaine d’avocats, ce qui est le cas d’une trentaine de structures à peine en France. Mireya Berteau se souvient du binôme qu’elle formait alors avec l’avocat Jacques Buhart : "Nous partagions le goût de l’effort, notre bonne humeur et éprouvions tous deux de l’empathie vis-à-vis des cultures qui nous entouraient. Il m’a transmis sa ténacité et fait mesurer l’importance des réseaux."

Aujourd’hui, au sein du groupe leadership Emea de Hogan Lovells (qui réunit l’Afrique, le Moyen-Orient et depuis peu de temps l’Amérique latine), Mireya Berteau est impliquée dans la détermination des orientations stratégiques de la firme anglo-américaine dans ces régions, prend part aux projets innovants et détermine quelle clientèle développer. "Il ne faut pas craindre le volume, explique celle qui couvrait déjà l’Europe et l’Asie pour McDermott grâce à une équipe de 35 personnes. C’est une formidable source d’informations et un vivier d’idées." Comme monter un séminaire au Japon depuis Paris sans aucun contact local ou plusieurs rencontres à la Casa Financial City sans bureau au Maghreb. Ou soutenir Emmaüs Défi durant le confinement et poursuivre l’engagement de Hogan Lovells aux côtés de Tous contre le cancer. "Souvent, on vient vers moi avec une idée et mon métier est de tout faire pour qu’elle se concrétise", se plaît-elle à raconter. Pour Mireya Berteau, la richesse naît de la diversité. Une philosophie qui ne se professe pas mais qui se vit au quotidien.

Pascale D'Amore

Prochains rendez-vous

02 octobre 2024
Sommet du Droit en Entreprise
La rencontre des juristes d'entreprise
DÉJEUNER ● CONFÉRENCES ● DÎNER ● REMISE DE PRIX

Voir le site »

02 octobre 2024
Rencontres du Droit Social
Le rendez-vous des acteurs du Droit social
CONFÉRENCES ● DÉJEUNER  

Voir le site »

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail

GUIDE ET CLASSEMENTS

> Guide 2024