Masakazu Iwakura : "Une clause fiduciaire que j'ai rédigée est désormais largement utilisée au Japon"
Décideurs Juridiques. De quel deal êtes-vous le plus fier et pourquoi ?
Masakazu Iwakura. La fusion du groupe UFJ HD et de Mitsubishi Tokyo Financial Group. J'étais conseil principal de l'UFJ. L'accord a créé MUFG, le plus grand groupe financier du Japon. Il comprenait une clause dite "Fiduciary-Out Clause" que j'ai rédigée. C'était la première fois dans l'histoire des fusions-acquisitions au Japon qu'une telle clause était mise en œuvre. Elle garantissait la protection adéquate des intérêts des actionnaires d'UFJ HD. Elle est maintenant largement connue et a souvent été utilisée depuis lors.
Quel a été le dossier le plus difficile de votre carrière et quelles leçons en avez-vous tirées ?
M. I. La mise en place d’un "poison pills arrangement" (une pilule empoisonnée comme moyen de défense ou mesure anti-OPA) en réaction à une OPA hostile lancée par un fonds spéculatif américain agressif. Afin d'amener la Cour suprême du Japon à admettre l'efficacité de cet arrangement, j'ai non seulement traduit la logique clé de l'affaire Unocal contre Mesa Petroleum dans l'État du Delaware dans un contexte japonais, mais j'ai également expliqué la valeur intrinsèque de cette pilule afin de protéger l'entreprise cible. La Cour suprême était pleinement convaincue de notre argument concernant la nécessité et l'opportunité de cet accord sans aucun précédent au Japon.
Quelle est la meilleure façon de gagner la confiance d’un grand patron et de la conserver ?
M. I. Lui fournir des conseils qu'il juge utiles non seulement pour résoudre le problème ponctuel, mais également pour promouvoir et améliorer la véritable valeur de l'entreprise.
Quels sont les principaux écueils à éviter lors de grandes opérations de M&A ?
M. I. Perdre de vue les éléments essentiels de la transaction. Par exemple, s'en tenir à un argument dans une partie de l'accord qui, bien que non négligeable, n'affecte pas la nature fondamentale de l'accord.
Quelles sensibilités culturelles sont nécessaires pour mener à bien des fusions-acquisitions transfrontalières au Japon ?
M. I. Étant donné qu'il y a relativement peu d'entreprises expérimentées dans les transactions de fusions-acquisitions transfrontalières au Japon, il est essentiel que la partie japonaise comprenne l'importance de chaque étape du processus, son calendrier et l'objectif commun du deal, que nous représentions le côté japonais ou le côté étranger.
Si vous n'étiez pas devenu avocat, quel autre métier auriez-vous choisi ?
Je pense que j'aurais probablement été médecin.
Quels sont les cinq deals les plus importants de votre carrière ?
Le conseil du groupe UFJ HD dans le cadre de sa fusion avec Mitsubishi Tokyo Financial Group pour créer MUFG en 2015 pour un montant de 38 milliards de dollars.
Le conseil de l'Industrial Bank of Japan (dont le total des actifs s’élevait à 400 milliards de dollars) dans le cadre de sa fusion avec Fuji Bank et Dai-ichi Kangyo Bank pour créer Mizuho Financial Group en 2000.
Le conseil des administrateurs d'assurance de Toho (nommés par le gouvernement japonais et dont le montant total des actifs s’élevait à 45 milliards de dollars) lors de la vente des activités de vente de Toho Mutual Life Insurance à GE Capital en 1998.
Le conseil des administrateurs d'assurance de Daihyaku (nommés par le gouvernement japonais) lors de la vente des activités de Daihyaku Life Insurance à Manufacturers Life Insurance (dont le total des actifs s’élevait à 30 milliards de dollars) en 2001.
Le conseil de Japan Post dans le cadre de son acquisition de Toll pour 5 milliards de dollars en 2015.
Propos recueillis par Béatrice Constans