Codirigeant du cabinet français de Bird & Bird depuis le printemps de cette année, Alexandre Vuchot était déjà là en 2000 lors du lancement du bureau parisien. En duo avec Benjamine Fiedler, il mise sur l’approche sectorielle, le réseau international et la capacité d’innovation du cabinet pour moderniser les prestations de conseil offertes par les avocats de cette structure.

Décideurs. Pourquoi avoir choisi Bird & Bird en 2000, année de lancement du cabinet parisien ?

Alexandre Vuchot. Avant de rejoindre cette aventure, j’étais collaborateur senior chez Jeantet. Ce cabinet français traditionnel avait une identité forte, marquée par une excellente pratique et un fort respect des convenances séculaires du métier. Lorsque Frédérique Dupuis-Toubol, alors associée à la tête de mon équipe, a reçu cette proposition de Bird & Bird, nous avons tous été séduits par ce projet entrepreneurial et ambitieux. À cette époque, les initiatives se multipliaient dans le monde des affaires et prendre part à un tel lancement d’activité était très enthousiasmant. Très vite, l’esprit start-up prenait l’ascendant sur le formalisme. D’autres bureaux se sont ouverts dans les trois années qui suivirent, notamment en Allemagne,  aux Pays-Bas, en Espagne ou en Italie. Cela correspondait à la stratégie délibérée du cabinet d’attirer les meilleurs dans différents pays pour s’assurer d’une croissance internationale et réfléchie. Avec ma culture européenne, je tenais à cette dimension transnationale que je ne trouvais plus chez Jeantet, après la dissolution de l’alliance globale à laquelle le cabinet appartenait.

 

Et pourquoi y êtes-vous resté depuis maintenant seize ans ?

Bird & Bird est aujourd’hui présent dans une vingtaine de pays dont plus de quinze à travers toute l’Europe. Ce maillage est bien plus fin que celui des cabinets internationaux traditionnels, essentiellement concentrés autour des principaux centres financiers. La densité du réseau change la donne pour assurer une coordination efficace du traitement des dossiers de nos clients. Par ailleurs, le cabinet a joué un rôle de précurseur dans la diffusion du modèle d’organisation sectorielle. Chaque avocat peut se constituer une expertise poussée dans les segments d’activité qu’il affectionne le plus. Le travail d’équipe est également favorisé par une telle structure interne. Il faut aussi préciser qu’il règne une excellente ambiance entre les membres du cabinet. Aucun ego, aucune ambition personnelle démesurée ne perturbe le bon fonctionnement de nos bureaux.

 

Depuis le printemps 2016, vous êtes codirigeant des bureaux français du cabinet d’avocats Bird & Bird. Comment s’est déroulée cette nomination ?

Tout cela s’est fait très naturellement. Je m’occupais déjà de nombreuses tâches au sein du cabinet. Même si cette fonction était d’abord informelle, il était plus évident de dresser un cadre officiel pour poursuivre ces activités annexes à la pratique d’avocat. Membre du comité exécutif à Paris, notre CEO au niveau mondial a donné son aval pour cette nomination.

 

Comment vous êtes-vous répartis les rôles avec Benjamine Fiedler, managing partner depuis 2013 ?

La notion de duo est ici décisive. Chez Bird, nous avons souvent fonctionné  avec deux codirigeants. Nos deux personnalités sont très différentes et à mon sens, elles se complètent. Si certains membres du cabinet préfèrent l’une ou l’autre de nos approches, ils sont libres d’aller voir la personne avec qui ils se sentent le plus à l’aise. Cela améliore le dialogue interne et favorise le partage des responsabilités par goût. J’accorde ainsi plus de temps au recrutement, alors que Benjamine s’occupe davantage des relations avec le bureau de Londres.

 

Dans l’Hexagone, le cabinet réunit une centaine d’avocats au total. Depuis la création du bureau parisien en 2000, pourquoi Bird & Bird s’est engagé dans une telle stratégie de croissance ?

Les associés déjà en place souhaitent s’entourer des meilleurs en permanence. Ce travail nous est facilité car le cabinet attire par son réseau et sa culture d’entreprise.  Lorsque des secteurs innovants émergent, nous recrutons en conséquence pour offrir à nos clients la meilleure expertise possible. Alors que les activités progressent, l’arrivée de nouveaux avocats est indispensable pour accompagner ce développement global. L’année 2016 a été un très bon cru pour nous et nous nous en félicitons.

 

Pour poursuivre et approfondir votre approche sectorielle, quels sont les nouveaux segments d’activité sur lesquels vous souhaitez vous positionner ?

Pour l’année prochaine, nous avons retenu trois nouveaux axes sur lesquels nous voulons nous concentrer : les fintech, la cybersécurité et l’énergie. Ces secteurs sont en ébullition. Il n’y a qu’à observer les montants investis par les géants du secteur, les levées de fonds des start-up et les mouvements de fusion acquisition pour souligner le grand dynamisme de ces univers innovants. Il nous semble donc stratégique de construire une offre spécifique pour répondre aux besoins de ces acteurs.

 

Comment s’organisent concrètement les relations des différents bureaux du cabinet ?

L’activité du bureau de Londres représente 30 % du chiffre d’affaires global du cabinet. L’Allemagne (20 %) et la France (10 %) sont les deux autres moteurs de la structure. Le reste du monde compte donc pour 40 % de Bird & Bird et on comprend assez vite qu’avec cette répartition équitable, il n’y a aucun bureau  « annexe ». Les relations sont excellentes entre les différents associés et le traitement des dossiers internationaux en bénéficie.

 

Lorsque vous êtes mis en compétition avec d’autres structures au réseau et niveau d’expertise égaux, comment parvenez-vous encore à vous différencier ?

Nos clients sont engagés dans une course permanente à la modernisation de leurs procédés. À notre échelle, nous sommes également aspirés par cette spirale positive. Par exemple, la présentation des analyses juridiques ne peut plus se faire sous la forme de mémos indigestes que plus personne ne lit. Si le fond de nos travaux doit rester impeccable, il est ainsi impératif d’améliorer la forme. Cela passe par des solutions inspirées du Legal design (schémas, infographies) et l’utilisation de supports plus efficaces pour faire passer des messages clés. Gommer la complexité devient indispensable à une époque où l’on attend plus de l’avocat une conclusion juridique sans conseil stratégique. Nous essayons d’offrir une expertise au-delà du juridique. L’avocat chez Bird, avec ses connaissances transversales de l’entreprise et de ses secteurs d’activité, a un rôle prépondérant à jouer dans le management de projet.

 

Propos recueillis par Thomas Bastin

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