Le cofondateur de la pépite Delair-Tech, soutenue par un investisseur de long-terme, réserve ses drones pour les industries lourdes.

Décideurs. Plusieurs secteurs liés à l'ingénierie dynamisent la Tech en ce moment. Aviez-vous l'idée fixe de développer une activité de drones ou auriez-vous pu mettre vos compétences au service d'un autre marché porteur ?

Benjamin Benharrosh. Avec mes co-associés, lors de la création de l'entreprise, nous ne cherchions pas spécialement à surfer sur un secteur à la mode. L'idée a toujours été celle de répondre à un besoin. Deux de mes partenaires étaient dans l'industrie pétrolière et nous avons voulu mettre au point un outil permettant aux exploitants de l'or noir de superviser leurs installations. C'est grâce à cette réflexion que nous nous sommes penchés sur la solution des drones.

 

Décideurs. Vous évoquez les installations pétrolières. D'autres start-up ont fait le choix de créer de petits engins équipés d'une caméra et capables de franchir toutes sortes d'obstacles sur ces lieux afin de les superviser. À quoi serviront vos drones ?

B. B. Avec le drone, notre positionnement n'est pas de coller aux infrastructures mais d'avoir une vue aérienne globale des infrastructures.

Delair-Tech satisfait trois grands besoins de nos clients. D'abord, c'est l'analyse des infrastructures linéaires (pipes, voies ferrées, autoroutes...) pour lesquelles nous détectons les anomalies allant des pylônes endommagés aux points chauds sur des câbles électriques en passant par les isolateurs manquants. Cela est rendu possible par la prise et le traitement d'images réalisés par les drones. Ils remplacent ainsi l'envoi de personnel au sol ou en hélicoptère, d'où un gain de temps et d'argent. Le deuxième marché a trait aux mines et au BTP. Dans le cadre de grands chantiers, la topographie du sol est modifiée. Il est donc nécessaire d'en rendre compte en 3D. Enfin, nos drones supervisent de larges exploitations agricoles afin de renseigner et conseiller les agriculteurs sur l'état de santé et la croissance de leurs cultures.

 

Décideurs. Finalement, c'est peut-être même votre logiciel de traitement des données qui compte le plus, non ?

B. B. La maîtrise du drone comme celle du traitement d'image sont importantes. Notre drone est quand même très particulier dans la mesure où il peut voler très loin et rester en dehors du champ de vision de la personne qui le contrôle. Par ailleurs, le hardware reste aussi une priorité du point de vue de la qualité de l'image : nous devons changer de capteur d'image en fonction des industries que nous adressons. Concernant le traitement des données, nous sommes aussi à la conception du logiciel et au développement des algorithmes. Il faut constamment les affiner pour améliorer la détection des anomalies.

 

Décideurs. Outre la détection des anomalies, la réponse à la question de la sécurité (intrusions, vols...) de certains lieux serait-elle assurée par Delair-Tech ?

B. B. Oui, nous sommes effectivement sur ce créneau. Par exemple, les solutions que nous fournissons à la SNCF leur permettent de détecter s'il y a des vols de câble notamment.

 

Décideurs. Votre tour de table s'est bouclé avec 13 M€ en poche. Quelle est sa structure ?

B. B. Coté capital, Andromède et quelques business angels de renom nous ont apporté 12 M€. Le reste a été levé grâce à une ligne de crédit consentie par BPIFrance. L'avantage avec Andromède, c'est que ce financier a une vision de très long terme. Quand on fait du hardware et de l'industrie, avec des cycles d'innovation assez longs, mieux vaut avoir un soutien qui n'est pas contraint par une date de sortie. Cette levée de fonds nous permet d'ouvrir un bureau aux États-Unis dès juin, là où des sociétés de capital-risque avaient aussi souhaité nous accompagner. 

 

FS

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