À 38 ans, Jonathan Sarfati possède un CV déjà bien rempli. Entreprenant, il lui tient à coeur d’évoluer dès le début de sa carrière dans des structures variées qui lui ont permis d’ajouter progressivement des cordes à son arc. DAF atypique et passionné, il raconte son parcours.

Décideurs. Avant d’être DAF, vous avez vécu une expérience quasi entrepreneuriale au sein d’une structure d’investissement, pouvez-vous nous en dire plus ?

Jonathan Sarfati. J’ai intégré Centrale Lille à l’époque où les années de césure commençaient à se démocratiser. Un ancien de l’école, Frédéric Caron se lançait dans le private equity, j’ai alors saisi l’occasion pour faire un stage dans sa structure qui était dédiée à l’accompagnement de PME afin de les aider dans leurs levées de fonds et leur internationalisation. En dernière année d’école, j’ai validé un double cursus à la Sorbonne en finance de marché. Mon objectif était alors de devenir trader mais, à l’époque, les embauches étaient gelées. J’ai alors rappelé Frédéric qui souhaitait diversifier son activité en se lançant dans la reprise de fonds de venture en secondaire, l’objectif était simple : reprendre des portefeuilles et trouver de la liquidité. Par ailleurs, à la même période, j’ai ajouté une nouvelle casquette à mon profil avec un rôle de manager de transition (DAF) auprès d’une PME du portefeuille qui traversait des difficultés. J’avais alors 25 ans et je ne connaissais pas du tout ce métier. Inutile de préciser que la période a été particulièrement chargée mais très enrichissante.

Par la suite, vous devenez DAF, pour quelle raison ce changement de carrière ?

C’est un métier qui me plaisait car il est très complet, avec une vision stratégique globale sur le long terme pour la société. Alors que je trouvais à la banque d’affaires un côté plus irrationnel qui me correspondait moins. Chez Westwing, j’ai évolué au sein d’une véritable direction financière, avec un actionnaire allemand, Rocket Internet qui poussait la croissance. Mon rôle était celui d’un business partner avec un regard à 360° couvrant à la fois le reporting, l’actionnariat, la comptabilité, les ERP, etc. A contrario, lorsque j’ai intégré Stuart, ils n’étaient qu’une petite start-up et j’ai été leur premier salarié en finance. Après le rachat en 2017 par La Poste, la société est passée de 3 à 400 millions d’euros de chiffre d’affaires. C’était un super projet que j’ai pu vivre aux côtés de personnes formidables comme Damien Bon, le CEO. Puis Geopost a mis Stuart en vente en 2022, une transaction que j’ai suivie jusqu’au bout pour ensuite me diriger vers un nouveau projet. J’en garde le souvenir d’une aventure humaine et entrepreneuriale intense, nourrie par une culture d’entreprise autour de l’innovation, de l’exigence et de la croissance, un mix entre l’univers des grands groupes et celui des scale-up.

Pourquoi vous êtes-vous dirigé vers Freeland ?

Après avoir passé plus de dix ans dans la tech, j’ai compris qu’il me manquait quelque chose. Quand on évolue dans cet univers, on délaisse parfois les indicateurs bilanciels (cash, BFR, …) au détriment de ceux du P&L (CA, marge, …), afin de continuer à apprendre ce métier j’ai eu envie d’aller voir de l’autre côté du miroir, celui des sociétés sous LBO.

Vous avez démarré votre carrière très tôt, quel est le fil directeur ?

J’ai toujours essayé d’être dans des entreprises où l’on me faisait confiance rapidement pour avoir des expériences « touche à tout ». Finalement, j’ai appris le métier sur le tas, sans passer par la case contrôle de gestion. C’est ce qui fait de moi un DAF assez atypique mais la contrepartie est que j’ai parfois souffert de ne pas avoir eu de benchmark, ni de mentor pour m’emmener dans son sillage. Mes vrais mentors sont mes CEO. Je fais ce métier à ma manière et non comme on me l’aurait enseigné. C’est l’aspect couteau suisse du poste que j’aime. J’ai l’habitude de dire que je suis le "chief of anything else officer", entre le business, les chiffres, la stratégie et aussi les RH car je suis avant tout un manager dont la mission est de staffer, recruter et former. Effectivement, j’ai commencé jeune mais je n’ai jamais souffert de mon âge quand il a fallu prendre des responsabilités. 

🔎 Parcours : 

  • 2005 : intègre l’École centrale Lille
  • 2009 : commence sa carrière au sein d’Arca Investment Partners
  • 2016 : intègre Stuart en tant que DAF
  • 2023 rejoint Freeland pour piloter la direction financière du groupe

Propos recueillis par Béatrice Constans