L'Amrae, en partenariat avec Axa Climate, a interrogé pour la troisième année consécutive ses adhérents risk managers sur leur appréhension, le pilotage et le financement des conséquences des risques climatiques dans leur entreprise. Retour sur les résultats de cette édition 2023, collectés auprès de 131 risk managers.
L’Amrae publie la 3e édition de son baromètre de l’engagement pour le climat
L’objectif de cette troisième édition reste identique aux deux premières : évaluer, comprendre et identifier les moyens pour que le risk management soit plus efficace face au risque climatique dont la fréquence et l’intensité ne cessent de progresser. Issus à 70 % de grosses entreprises dont 35 % rien que dans le secteur industriel, 92 % des risk managers interrogés se déclarent de plus en plus préoccupés par la survenance d’une catastrophe naturelle. Difficile de leur donner tort. Début novembre, les tempêtes Ciaran et Domingos balayaient les côtes bretonnes, justifiant le déblocage d’un fonds d’urgence de 50 millions d’euros. Dans le même temps, l’état de catastrophe naturelle était prononcé dans plus de 300 communes des Hauts-de-France à la suite des dommages causés par les inondations et les coulées de boue. Tempêtes, cyclones, tornades, canicules, sécheresses… Tout augmente, sans exception.
Un besoin de données exploitables sur l’ensemble de la chaîne logistique
Dans ce contexte où imprévu rime avec fort enjeu, comment évaluer son exposition au risque, l’anticiper et s’adapter ? C’est l’une des ambitions de l’Amrae que de fournir à ses membres un accès à des sources de données exploitables sur l’ensemble de la chaîne logistique, partout dans le monde. Un véritable sujet de fond lorsque l’on constate que 44 % des fournisseurs directs, dits de “rang 1”, déclarent avoir une mauvaise appréciation de leurs risques physiques et de leur résurgence. Pour pallier ce déficit de visibilité, l’audit des risques climatiques physiques et chroniques pour chaque business unit reste la meilleure option pour renforcer la prévention, dans l’attente d’outils suffisamment robustes à portée prédictive.
Des risques climatiques physiques aux risques économiques de transition
Si les risques physiques sont les conséquences directes du dérèglement climatique, les risques de transition représentent les risques induits par le passage vers une économie bas carbone, portant sur le modèle d’activité de l’entreprise et son évolution. Sur ce dernier point, le baromètre se montre encourageant. Le changement climatique est identifié comme l’occasion de réduire les coûts pour 50 % des risk managers sondés. Les initiatives RSE s’inscrivent dans une logique d’amélioration régulière de la gouvernance des risques climatiques, sous l’impulsion des comex et des directions RSE. À défaut de s’impliquer directement sur les mesures de réduction des gaz à effet de serre (GES), 47 % des risk managers déclarent contribuer activement au travail de reporting RSE, une augmentation de 20 points par rapport à l’année dernière.
Une augmentation rassurante à l’approche de la CSRD bien qu’il reste encore de la maturité à acquérir pour les quelque 50 000 entreprises européennes assujetties à cette loi dès 2025.
Des produits d’assurance décevants et inadaptés
C’est sans doute l’un des points marquants de ce millésime 2023 : 41 % des risk managers se déclarent insatisfaits des services proposés par leurs assureurs. Parmi les principales raisons citées, la crainte d’inassurabilité et le manque de transparence des assureurs vis-à-vis des exclusions à moyen terme. Des refus de couverture de risques et/ou de régions qui brideraient le développement de nouvelles filières induites par la transition écologique. Pour l’Amrae, la solution serait donc de se tourner vers d'autres moyens de financement du risque comme la mise en place de captives ou d’assurances paramétriques. Autre point bloquant pour les risk managers, l’augmentation des prix. Selon le panel sondé, les assureurs doivent impérativement améliorer la transparence de la tarification des risques “catastrophe naturelle” et, a minima, s’orienter vers des formules incitatives pour les entreprises prenant des initiatives de gestion des risques physiques associés au changement climatique.
Autant d’inquiétudes qui continuent de peser sur un régime “catastrophe naturelle” déjà fragilisé, dépassé par des événements météorologiques toujours plus violents, toujours plus fréquents.
Jonathan Banuelos