Jeune risk manager, Thomas Osmont occupe depuis 2022 les fonctions de responsable de la continuité des activités fournisseurs du groupe Thales. Prévoir les risques qui menacent la supply chain du leader technologique mondial, voilà à quoi s’attèle quotidiennement ce néo-marathonien.

Enfant du bassin parisien, Thomas Osmont passe par le campus Berruyer de l’Institut national des sciences appliquées du Centre-Val de Loire, avant d’élire domicile pour quelques mois au Québec, le temps d’une maîtrise en génie, de projets internationaux et d’ingénierie globale, un cursus orienté “management et stratégie d’affaires internationales” de l’École de technologie supérieure de la ville de Montréal. À la fin de ses études, il envoie son curriculum vitae à l’ensemble du CAC40. Total lui propose un stage, ce qui n’était pas arrivé depuis une petite décennie au sein de la direction risque et assurance du groupe. Juste avant la pandémie mondiale, en 2019, il quitte le géant pétrolier pour Thales. “Le directeur risques et assurances de Thales m’a donné l’occasion de prendre des fonctions exigeantes pour quelqu’un de mon âge.”

Les risques du métier

Embauché pour travailler sur les problématiques de prévention et d’assurance de l’ensemble des sites du géant français, il a contribué à la transformation numérique des processus d’assurance dont la collecte des valeurs assurables – “un grand chantier”. Lorsque le groupe d’électronique cherche quelqu’un pour la prévention des risques concernant la chaîne d’approvisionnement tout juste tributaire d’un lourd sinistre, l’ingénieur postule. “J’ai décidé de venir faire valoir mes compétences en matière de prévention des risques sur la supply chain. Ce qui est un brin plus complexe que dans ses précédentes missions : il faut analyser les risques chez les fournisseurs, c’est-à-dire chez les autres.  

Le directeur risque et assurance de Thales m’a donné l’occasion de prendre des fonctions exigeantes pour quelqu’un de mon âge”

Cet ingénieur en maîtrise des risques industriels est d’avis que la jeunesse est un atout. Pour lui, il ne faut pas trop s’attarder sur “la signature”. C’est la connaissance et la compréhension qu’elle a des sujets qui détermine la valeur et la légitimité d’une personne. Et aussi sa capacité à échanger avec les autres et à appréhender son environnement. Thomas Osmont a noté que “connaître son environnement et ceux qui le composent permet de mieux avancer ensemble”. Une philosophie qu’il respecte à la lettre lorsqu’il s’adresse à ses différents interlocuteurs, directeurs financiers ou directeurs des achats en interne, ou aux fournisseurs en externe. “Il faut aussi apprendre de ses pairs”, conseille le jeune homme qui bavarde régulièrement avec ses homologues de chez Airbus ou de Safran. Membre du réseau Amrae, Thomas Osmont collecte les retours d’expérience des industriels, pour “comparer les visions”. Son leitmotiv : apprendre encore et encore.

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Monde de demain

Il assouvit sa soif de nouvelles connaissances à travers son métier de risk manager. Cet amateur de course à pied et d’Indiana Jones a notamment beaucoup appris des juristes qu’il côtoie quotidiennement. “Lorsqu’on traite des risques et des assurances, le juridique arrive très rapidement. La force majeure, la renonciation au recours… Autant de notions que j’ai dû apprendre sur le tas.” L’actualité a par ailleurs contribué à l’extension de son champ d’analyse. Les tensions militaires de certaines régions contraignent les entreprises à anticiper le risque géopolitique. Thomas Osmont s’appuie sur le market intelligence de Thales et sur la presse pour anticiper les risques et les conséquences d’une riposte sur la supply chain. Quant aux autres nouveaux risques liés au climat, il les évalue grâce aux projections du GIEC. Accélération des épisodes d’inondation ou de stress hydrique, vagues de chaleur et de froid extrêmes : autant de menaces à court terme susceptibles de perturber l’activité de l’entreprise. Thomas Osmont s’inquiète pour sa part du monde qu’on laissera à nos enfants, et s’étonne de constater encore qu’“en matière climatique, beaucoup de décisions ne vont pas dans le bon sens”. À ses yeux, ses réseaux sociaux ont leur part de responsabilité dans la dégradation des plus beaux coins du globe. Et l’intelligence artificielle, qu’en pense-t-il ? Prudent, le risk manager préconise l’encadrement de son utilisation. Il semble toutefois qu’à suivre sa maxime “Nous sommes toujours en évolution et il faut toujours s’adapter”, il ne fera pas l’impasse sur ce processus d’imitation de l’intelligence humaine pour analyser les risques du monde de demain.

Anne-Laure Blouin

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