[Impacts en série] Régulièrement, 100 Transitions met en avant l’un des membres du Collège des directeurs de développement durable (C3D). Épisode 3 : Rémi-Pierre Lapprend, directeur Engagement & RSE chez Maisons du monde.
Pouvez-vous présenter rapidement le groupe Maisons du monde ?
Il s’agit d’un groupe d’ameublement et de décoration comptant plus de 8 000 collaborateurs, dont deux tiers de femmes, avec 357 magasins implantés dans neuf pays européens et réalisant plus d’1,2 milliard euros de chiffre d’affaires, dont 50% hors de France. Le numérique, que ce soit en magasin ou via le e-commerce, représente aujourd’hui une part significative de notre activité. Depuis quelques années nous sommes également devenus une marketplace, agrégeant les produits d’autres vendeurs pour compléter notre offre.
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Quels sont les défis spécifiques à votre métier en termes de transition écologique ?
Le défi principal pour nous, en tant que distributeur, réside à la fois dans la mesure et la maîtrise de l’empreinte carbone de nos produits. En effet, s’ils sont conçus par nos équipes design et fabriqués par des fournisseurs un peu partout dans le monde. Ainsi les deux tiers de notre empreinte carbone relèvent du Scope 3. Tout l’enjeu est donc de repenser la conception de nos produits pour réduire leur impact environnemental, notamment en utilisant des matières premières moins carbonées, d’embarquer notre chaîne de valeur vers des pratiques plus responsables, puis de trouver de nouveaux modèles économiques, afin de continuer à croître tout en réduisant notre impact. Je suis persuadé que des modèles économiques d’économie circulaire comme la seconde main ou la prolongation de la durée de vie de nos produits peuvent nous permettre de résoudre cette équation. Nous y travaillons.
"Nous sommes dans une démarche progressive, raisonnée, alliant mesure d’impact et transparence"
Justement, vous avez mis en place une stratégie globale et progressive de transformation de votre activité : "Good is beautiful". En quoi consiste-t-elle ?
Il s’agit d’un véritable mouvement de marque, porté et défendu dans toutes les strates de l’entreprise, qui doit donner une incarnation à notre raison d’être : "Inspirer à chacun l’envie de s’ouvrir au monde pour créer ensemble des lieux de vie uniques, chaleureux et durables." Ce mouvement porte nos ambitions pour réduire notre impact environnemental et maximiser notre impact social. Il se décline en cinq engagements : proposer des produits responsables, mener des actions solidaires, faire vivre l’égalité des chances, engager un cycle de vie circulaire et réduire notre impact environnemental. Ils prennent corps, par exemple, dans la création d’une offre de produits plus responsable (aujourd’hui environ 30% de notre offre, avec un objectif à 40% en 2025), par nos engagements de mécénat pour les forêts, auprès d’associations pour meubler les lieux de vie de personnes en situation de précarité, ou encore dans la baisse de 19% de notre intensité carbone depuis 2018, avec un objectif de -25% en 2025. Le prochain chantier que nous lancerons, c’est l’économie circulaire. Nous sommes dans une démarche progressive, raisonnée, alliant mesure d’impact et transparence. Pour un groupe qui n’avait pas forcément cela dans son ADN au départ, je crois que c’est le seul chemin. Je suis persuadé que demain, ces engagements constitueront un avantage concurrentiel qui nous permettra d’allier responsabilité et rentabilité.
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Quelles sont selon vous les clés de la réussite lorsque l’on souhaite engager une démarche de transformation ?
L’implication de toutes les parties prenantes, me paraît un point absolument indispensable. Une stratégie RSE qui fonctionne, c’est d’abord une aventure collective. De la direction générale aux équipes de caisse en magasin, la démarche doit infuser partout, avec des relais, des ambassadeurs à tous les étages pour qu’elle prenne corps et soit comprise par nos clients. Cet engagement doit être entretenu au quotidien, en tenant chaque collaborateur informé des progrès et limites de nos avancées, mais aussi en lui permettant de faire remonter ce qu’il ressent sur le terrain, au contact des nos parties prenantes, de nos clients… C’est à mon sens la condition sine qua non du succès d’une transformation de si grande ampleur.
Propos recueillis par Antoine Morlighem