Très présent en Afrique, Fieldfisher dispose d’une équipe expérimentée qui s’appuie sur un réseau des meilleurs experts en Afrique. Avec François de Senneville, co-head du groupe Afrique du cabinet et Ludovic Bernet, collaborateur senior, nous revenons sur les évolutions de l’année passée pour le continent et sur les perspectives à venir.

DÉCIDEURS. Quelles sont les particularités du groupe Afrique de Fieldfisher ?

François de Senneville. Depuis la création du groupe Afrique de Fieldfisher fin 2015, nous avons souhaité nous structurer avec un avantage compétitif et la particularité de proposer un business model innovant qui repose sur une équipe menée par des Africains – je suis moi-même Mauricien – pour des projets africains. Ajoutez à cela une équipe d’experts aux compétences variées et nous pouvons donc intervenir sur une très large typologie de dossiers. Nous sommes fiers de notre adaptabilité.

Quel a été le bilan de l’année passée pour l’Afrique ?

 F. de S. L’Afrique n’a pas été épargnée par les différentes crises mondiales. Les conflits et crises sanitaires ont démontré aux différents acteurs, dont l’Union européenne, qu’il fallait diversifier et surtout sécuriser leurs approvisionnements. Un pas en arrière donc sur le modèle de mondialisation que l’on pensait bien installé. L’Afrique en elle-même a été victime de nombreuses déstabilisations étrangères et plusieurs pays ont connu des changements brutaux de régime. Ce qui a logiquement eu un impact sur la croissance du continent en 2023. Dans ce contexte, à titre d’exemple, l’un de nos clients a dû suspendre ses activités dans un pays où il était actif historiquement et se redéployer dans la sous-région, et nous l’avons aidé à se réorganiser. Nous restons aux côtés de nos clients pour les accompagner à chaque étape de leur développement. L’explosion du cours de l’or, qui bat désormais des records historiques a, en revanche, soutenu le développement d’autres de nos clients en Afrique.

''Une équipe menée par des Africains pour des projets africains''

Ludovic Bernet. Le continent revoit ses relations avec les acteurs internationaux, notamment dans le secteur de l’industrie minière et les États entendent mieux défendre leurs intérêts. Nous assistons à un changement de paradigme, on sort d’une logique de pure extraction et de vente de matières premières brutes avec la mise en place croissante de filières de traitement des minerais et des fonderies nationales. L’objectif est de générer localement plus de retombées économiques. Les bailleurs internationaux, notamment soucieux du développement des infrastructures en Afrique, sont favorables à cette évolution.

Quelles sont les perspectives à venir ?

F. de S. Nos perspectives pour 2024 sont optimistes. L’Afrique a montré une grande résilience et le continent conserve ses atouts : la jeunesse, une population en croissance, des villes en expansion… Autant de facteurs qui continuent à convaincre les entreprises internationales de se structurer pour être présentes sur ces marchés. Après une contraction de croissance, l’Afrique subsaharienne montre des signes de rebond, avec des prévisions de croissance qui laissent penser que cette tendance se confirmera. Nombre de groupes internationaux sont convaincus du potentiel de l’Afrique pour leur croissance en 2024. Les sources d’investissement se diversifient avec de nouveaux acteurs étrangers qui émergent depuis quelques années maintenant. Au niveau étatique, l’idylle avec des pays comme la Chine, la Russie ou l’Inde présentera un jour ou l’autre ses limites. Si certains critiquent, à raison, des aspects de la période coloniale, ils notent la volonté des acteurs économiques historiques de définir un nouveau partenariat avec les États africains. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, il est probable que la générosité des Brics pour l’Afrique aura aussi ses limites. Ces nouveaux acteurs se trouvent en concurrence entre eux, ce qui n’est pas idéal pour la stabilité du continent.

Ludovic Bernet. À plus ou moyen terme, la diversification économique de plusieurs pays africains tend à s’amplifier. De nombreux pays souffrent encore d’une trop forte dépendance à une ou deux ressources dont la moindre fluctuation dégrade leur économie. Cette diversification ne se limite pas aux ressources naturelles, avec des entreprises de télécommunications et de nouvelles technologies qui sont parfois très innovantes. Les problématiques RSE sont de plus en plus intégrées dans les projets, comme de nouveaux sujets tels que la gestion des données personnelles. Nous accompagnons nos clients sur l’ensemble de ces problématiques. Des événements internationaux récents, comme la Table ronde pour le financement des Projets intégrateurs prioritaires de la Zone Cemac qui a eu lieu à Paris fin novembre 2023 et à laquelle notre cabinet a participé, démontrent l’intérêt des bailleurs de fonds pour le développement d’infrastructures clés qui favoriseront la croissance.

Vous travaillez beaucoup avec Maurice, qu’elles sont les points forts du pays ?

 F. de S. De nombreuses entreprises, en particulier françaises, cherchent à externaliser, voire à « offshorer » des fonctions de support. Reste à choisir où et dans quelles conditions. Et c’est là que Maurice se distingue car elle est capable de proposer une sécurité que l’on trouve encore trop rarement en Afrique continentale. Maurice est une île, protégée par sa géographie tout en restant africaine. C’est aussi un territoire stable politiquement et socialement qui a été anglais, français et historiquement toujours à la croisée des chemins des grands échanges internationaux de par sa géographie, Étoile et clé de l’océan Indien selon sa devise « Stella clavis mari indici ». On y parle français, anglais, entre autres mais avec une identité propre.

''Maurice se distingue car elle est capable de proposer une sécurité que l’on trouve encore trop rarement en Afrique continentale''

C’est un pays qui a pris son destin en main, essayé plusieurs modèles politiques avant de s’inspirer du modèle singapourien. L’État y est un facilitateur pour les investisseurs étrangers. La qualité de vie est également un atout pour attirer les jeunes talents. Le droit mauricien est fondé sur le Code Napoléon enrichi de la procédure du droit anglais, ce qui permet aux entrepreneurs internationaux d’évoluer dans un environnement juridique qui leur est souvent familier. Le secteur de la finance compte désormais plus de 1 000 fonds d’investissement établis localement pour leurs investissements, principalement en Afrique mais également dans les autres pays de l’arc de l’océan Indien, du Moyen-Orient à l’Australie en passant par l’Asie.

Propos recueillis par François Arias

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