Lorsque les nuages pointent à l’horizon, "naturellement" on revient vers les siens, vers sa famille. En investissement, c’est la même chose. Dans un environnement de croissance "molle", de tensions géopolitiques, d’inflation persistante ou encore de montée des populistes, 2024 ne se profile pas comme un long fleuve tranquille. C’est à ce moment que la thématique des entreprises familiales cotées revient sur le devant de la scène.

 Les entreprises familiales sont la forme prédominante d'entreprise dans le monde et, selon le Family Firm Institute, elles représentent jusqu'à 90 % du produit intérieur brut (PIB) d’un pays chaque année.

Le contrôle familial revêt plusieurs formes

Le contrôle familial peut prendre la forme d'une participation au capital, d'une représentation au conseil d'administration ou de postes de direction, et correspond à la mesure dans laquelle une famille peut exercer une influence sur l'orientation stratégique et la gestion d'une entreprise. On considère généralement qu'une participation au capital d'au moins 5 % équivaut à un contrôle. Quant aux postes de direction et sièges au conseil d'administration, ils sont considérés comme des revendications de pouvoir plus fragiles que la participation au capital. Le capital social n'est pas le seul moyen de contrôler une entreprise. En effet, les droits de vote sont également importants, en particulier pour les groupes basés aux États-Unis et en Europe occidentale. Ces structures à double classe permettent aux familles de contrôler les votes sans détenir la part la plus importante du capital. La structure familiale n’est pas exempte d’un certain nombre de contraintes. Une société cotée en Bourse peut créer des tensions au sein de la famille, notamment en cas de désaccord sur l'évaluation, la propriété ou l'orientation de l'entreprise. Elle peut également affecter la dynamique familiale, certains membres pouvant se sentir exclus à l'entreprise. Enfin, certains employés pourraient penser que de travailler pour une entreprise familiale est un frein à un développement de carrière. Si cela pouvait être le cas par le passé, ça l’est beaucoup moins aujourd’hui. Pour preuve, de nombreuses personnes extérieures au giron familial font partie de la direction générale ou du conseil d’administration.

Près de la moitié des entreprises de l’indice sont basées en Europe

L'Amérique du Nord accueille 30 % des entreprises familiales et l'Asie-Pacifique 16 %. Le secteur de la consommation reste le plus important (37,4 %), mais on note que le secteur de la fabrication avancée et de la mobilité a augmenté sa présence pour atteindre 28,6 %. Les États-Unis arrivent en tête du Family Business Index 2023 avec 118 entreprises familiales, talonnés par l’Allemagne, qui en compte 78. Seule ombre au tableau, seulement 6 % des PDG d’entreprises familiales dans le monde sont des femmes.

Des performances frappantes partout dans le monde, et particulièrement en Europe

Un rapport écrit par le Credit Suisse sur les entreprises familiales en 2018 et coécrit par Michael O'Sullivan, chief investment officer du Credit Suisse pour la gestion de fortune internationale, examine les performances de 1 015 entreprises d'une valeur d'au moins 250 millions de dollars, dont les fondateurs ou leurs descendants détiennent au moins 20 % du capital. Les résultats étaient frappants : entre 2006 et 2018, les entreprises familiales ont largement surpassé les marchés boursiers dans toutes les régions du monde et particulièrement en Europe. Les entreprises familiales font depuis longtemps partie du paysage de l'investissement en Asie, où plus de la moitié des entreprises sont implantées. Et là encore, les résultats sont sans ambiguïté : les entreprises familiales surperforment dans tous les pays asiatiques. C’est le cas également aux États-Unis, même si le degré de surperformance n'est pas aussi spectaculaire qu'en Europe et en Asie. L'indice d'EY et de l'Université de Saint- Gall sur les entreprises familiales révèle que les 500 plus grandes entreprises familiales se développent deux fois plus rapidement que les économies avancées et environ 1,5 fois plus que celui des marchés émergents. 

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L’adoption d’une vision à long terme

Comme le suggère Warren Buffett, les fondateurs souhaitent transmettre leur entreprise à leurs enfants, ce qui les oblige à adopter une vision à long terme plutôt qu'à se préoccuper des objectifs de bénéfices trimestriels. On note également un faible taux de rotation des salariés, ce qui favorise une meilleure productivité et une forte culture d'entreprise. Cette importance accordée à la gestion financière a sans aucun doute permis aux entreprises familiales de traverser la récente crise financière mieux que d’autres entreprises. À cela on peut rajouter que la notion de "vieille économie" est totalement obsolète puisque qui dit société familiale, dit renouveau lié à l’arrivée de la nouvelle génération, ce qui implique automatiquement l'IA, l’avancée robotique, la blockchain…

Qui dit société familiale, dit renouveau lié à l’arrivée de la nouvelle génération

Investir dans la technologie, améliorer la gouvernance et explorer de nouvelles opportunités de croissance - en donnant la priorité aux employés et aux clients - peut contribuer à maintenir la confiance dans une marque à long terme. Les résultats d’une enquête de PwC sur les entreprises familiales confirment que la confiance est un avantage concurrentiel essentiel. Finalement, contrairement à ce que l’on pourrait penser, au lieu de reculer face à la mondialisation, il semble que les entreprises familiales deviendront de plus en plus importantes dans les années à venir.

Les Hénokiens, un Club d’entreprises familiales bicentenaires

Symbole de la place qu’ils occupent, et des valeurs qu’ils partagent, certains groupes familiaux tendent à se rapprocher. Les Hénokiens par exemple rassemble les membres de l’Association d'entreprises familiales et bicentenaires ; une association qui regroupe, sans but commercial, industriel ou financier, des entreprises de tous les continents dont la particularité est d'être restées des entreprises familiales depuis 200 ans ou plus et de présenter un bilan financier sain. En 2023, ils sont déjà 54 représentant 10 nationalités. Membre de ce Club, Mirabaud, née à Genève en 1819, est une entreprise familiale, 100 % privée et spécialisée aujourd’hui dans le Wealth Management, l’Asset Management et des services de Corporate Finance. Les quatre Associés gérants, dont trois appartiennent à la famille des fondateurs, partagent la conviction que l’esprit entrepreneurial et le modèle d’affaires familial basé sur la collégialité permettent d’évoluer et d’innover. Dans le secteur bancaire, cela constitue un avantage comparatif pour les clients, conscients que leurs avoirs privés ou professionnels seront gérés au même titre que ceux de la famille propriétaire.


Sur les auteurs

Stéphane Jaouen est directeur général de la banque Mirabaud en France. Il supervise le développement de la banque historiquement positionnée sur le Wealth Management qui, depuis 2019, s’est ouvert progressivement à d’autres métiers sur le marché français : les activités de corporate finance (M&A), mais aussi l’asset management, coté ou non coté. John Plassard est directeur chez Mirabaud Banque depuis 2012. Expert en macroéconomie, il totalise plus de 25 ans d'expérience sur les marchés financiers.

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