Association de référence dans l’univers du family office en France, l’Affo œuvre pour le développement et le rayonnement de ce métier en vogue, indispensable pour les familles à partir d’un certain niveau de patrimoine. Mais pas à n’importe quel prix. Le point avec Frederick Crot, président de l’Association française du family office.
Frederick Crot (Affo) : "Il est fondamental que les MFO soient rémunérés quasi exclusivement par leurs clients"
Décideurs. Quels sont les événements qui ont marqué l’Affo en 2023 ?
Frederick Crot. La gouvernance de l’Affo a évolué ces dernières années, ce qui a permis de créer une nouvelle dynamique. En 2023, cette dernière s’est notamment traduite par une forte croissance du nombre d’adhérents, et particulièrement par celle des single family offices (+ 45 %). Nous avons d’autre part lancé deux nouvelles délégations régionales dans le Grand Ouest et les régions de l’Est.
Par ailleurs, nous avons créé la Journée du Family Office by Affo autour du thème "faire confiance aux nouvelles générations", qui a réuni plus de 160 participants. Forte de son succès, cette journée sera renouvelée en 2024 et sera consacrée aux transformations économiques et sociétales.
Enfin, à l’initiative de quelques jeunes membres, un Club NextGen a été lancé afin de permettre aux jeunes générations de mieux appréhender le rôle du family office. Nous avons également cherché à améliorer notre communication : en externe en nouant de nouveaux partenariats et en interne en lançant une newsletter mensuelle destinée à nos adhérents.
De plus en plus de MFO se créent, ainsi que des services family office au sein des CGP, avec toute une variété de business models et de pratiques. Est-ce bon pour le marché, ou bien cela affecte-t-il la lisibilité du métier ?
L’Affo est très sensible à la bonne utilisation du terme "family office". Pour rappel, un family office est une organisation de personnes au service des intérêts patrimoniaux d’une ou de plusieurs familles dans la durée. Il accompagne la famille dans trois domaines clés : la législation et la fiscalité du patrimoine, la finance et les investissements, et les relations humaines.
"L’Affo est très sensible à la bonne utilisation du terme “family office” "
L’élément clé pour l’Affo est l’alignement d’intérêt entre le family office et la famille pour laquelle il travaille. Il est fondamental que les MFO soient effectivement rémunérés quasi exclusivement par leurs clients, car c’est le seul moyen d’éviter les conflits d’intérêts. La transparence des rémunérations est nécessaire, mais insuffisante, et le coût pour la famille ne doit jamais dépendre du produit ou du service proposé.
Doit-on s’attendre à la consolidation des MFO, après celle des CGP, toujours en cours ?
Il y aura peut-être quelques rapprochements dans les plus anciennes structures, mais je n’envisage pas de mouvements d’ampleur comme pour les CGP. Un MFO a un nombre relativement limité de clients, généralement moins de dix. La recherche d’une économie d’échelle par acquisition est donc moins pertinente. Par ailleurs, l’intuitu personae et le climat de confiance sont tellement importants dans ce métier que des changements actionnariaux peuvent déstabiliser les familles clientes. Enfin, le business model du MFO est pérenne et solide, basé sur une rémunération provenant essentiellement des familles clientes disposant de patrimoines importants.
Quels sont les enjeux du secteur aujourd’hui ? Pouvez-vous nous parler des projets de l’Affo ?
L’un des défis du secteur me semble être l’impact de l’IA, dans l’organisation du métier et comme piste d’investissement, voire comme risque de perturbation dans les portefeuilles des familles clientes. Par ailleurs, une analyse fine des enjeux géopolitiques mondiaux doit conduire à un niveau de diversification géographique et à une variété des types de produits encore plus poussés qu’auparavant.
"L’un des défis du secteur me semble être l’impact de l’IA"
En tant qu’association de référence du métier de family office, l’Affo doit continuer à apporter à ses adhérents les meilleures clés pour satisfaire leurs clients. Un nouveau livre blanc verra le jour fin 2024, rédigé par la commission Législation et fiscalité du patrimoine. Une cinquième délégation régionale va être lancée pour amplifier notre présence en région.
Nous sommes sollicités pour organiser une conférence sur l’IA à Paris en octobre dans le cadre de l’Iffo, la fédération internationale dont nous sommes cofondateurs. Nous réfléchissons également à compléter notre catalogue de formation. La qualité de nos offres, en perpétuelle évolution, devrait nous permettre de continuer à faire croître le nombre de nos adhérents.