Pivots essentiels de l’économie, les marchés obligataires ne cessent d’être bousculés. Inflation, hausse des taux ou encore difficultés d’accès au crédit, les gérants ont dû redoubler d’agilité afin de limiter la casse. Point avec Julien Maio, directeur de la gestion taux chez Crédit Mutuel AM.
 Décideurs. Comment décririez-vous les marchés obligataires actuels ?
Julien Maio. Les marchés obligataires ont été fortement dominés par la thématique d’inflation au cours des douze derniers mois, entraînant un resserrement monétaire inédit de la part des principales banques centrales. Au mois de mars, nous avons vécu des tensions avec les nombreuses difficultés des banques américaines, ou encore une suisse ayant nécessité des reprises par d’autres acteurs du monde financier, mais qui se sont rapidement apaisées grâce à la réactivité des régulateurs. La reprise par des acteurs emblématiques, comme JP Morgan (dans le cas de First Republic Bank) ou par UBS (pour celui de Crédit Suisse) ainsi que la garantie de tous les déposants concernés ont contribué à l’accalmie du marché. La spirale négative sur l’octroi de crédit des établissements américains s’est également inversée, avec une reprise de la production de crédit aux États-Unis depuis fin avril, y compris pour les établissements bancaires régionaux. Enfin, ces dernières semaines ont été impactées par la problématique du plafond de la dette américaine avec la crainte d’une absence d’accord côté dirigeants américains afin de trouver une solution pour prolonger le plafond et éviter les problèmes de financement. Un accord bipartisan a finalement été trouvé début juin, prolongeant le plafond ainsi jusqu’à 2025.
 
En vue de ce contexte, comment avez-vous adapté vos stratégies de gestion ?
En 2022, nous avons eu tendance à réduire la duration de nos portefeuilles puisque nous savions que nous étions dans une configuration haussière de taux. Personne ne s’attendait à un resserrement monétaire aussi rapide et fort, ce qui nous a amenés à avoir des expositions plus modérées sur tous nos fonds (monétaires et obligataires), nous permettant d’atténuer légèrement le choc.
Avec un schéma différent en 2023, tout en sachant que nous arrivons progressivement au bout de ce resserrement, nous rallongeons progressivement la duration des portefeuilles. Le contexte est différent ce qui nous amène à être un peu moins prudents qu’2022 en matière d’exposition au risque de taux.
 

"Ces dernières semaines ont été impactées par le plafond de la dette américaine"

Concernant le crédit, nous sommes assez confiants sur le secteur bancaire européen car les banques sont, d’une part très bien régulées par la BCE, et d’autre part elles disposent aujourd’hui de très bons niveaux de solvabilité et liquidité. La fin des taux négatifs est par ailleurs une bonne nouvelle pour ce secteur, notamment pour les marges d’intérêt qui redeviennent positives. En termes de risque crédit, nous restons prudents sur l’ensemble de nos fonds. Typiquement, sur les fonds investment grade, nous allons nous positionner sur du simple A ou le haut du panier en BBB.

 
À quoi ressemblera le second semestre de 2023 ?
L’inflation va rester le thème principal des dix-huit prochains mois. Les publications de statistiques montrent que l’inflation baisse progressivement (6,1 % en mai contre 7 % en avril en zone euro), ce qui est une bonne nouvelle. Les matières premières décélèrent depuis plusieurs mois, contribuant ainsi à la baisse de l’inflation totale ; l’inflation alimentaire en zone euro semble également se stabiliser. Nous avons tout de même encore des dynamiques du marché du travail vigoureuses, des taux de chômage bas, ou encore une inflation salariale qui s’accentue. Ces effets d’inflation de second tour continuent d’inquiéter les banquiers centraux, ce qui pourrait les amener à poursuivre le resserrement monétaire ces prochains mois. La fin de la hausse des taux ne sera pas forcément linéaire. Nous avons notamment observé cela avec les banques centrales du Canada et d’Australie qui ont relevé leur taux la semaine dernière après plusieurs trimestres de pause. La Fed et la BCE regardent toutes ces données de près pour savoir quelle sera la marche à suivre les prochains trimestres. Côté gestion, il va falloir être opportuniste au gré des mouvements de marché, tout en restant globalement assez prudents.
 
Propos recueillis par Marine Fleury

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