Premier think and do tank européen, l’Impact Tank est dédié à la valorisation et la mise à l'échelle d'innovations sociales à impact positif. Directeur général, Tony Bernard revient sur la nécessité de bâtir un "new deal de l’impact" entre acteurs privés et pouvoirs publics pour relever les défis sociaux et environnementaux.
Quelle est la vocation originale d’Impact Tank ?
L’Impact Tank est le premier think tank européen dédié à l’économie à impact positif, créé par le Groupe SOS et quatre universités : Sciences Po, Sorbonne Université, Conservatoire national des Arts et Métiers, et Paris Dauphine. Notre vocation est de justifier du bienfait des innovations sociales à travers la mesure d’impact d’initiatives réalisées par des entreprises, des acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), des acteurs de terrain, dans le but de faire évoluer les pratiques du monde de l’entreprise, mais aussi de convaincre les pouvoirs publics et renouveler les politiques publiques vers plus d’impact. Nous croisons expertise académique et expérience de terrain afin de répondre aux grands défis sociaux et environnementaux en France, en Europe et à l’international : lien social dans les quartiers, égalité des chances, lutte contre la précarité menstruelle, accès à l’emploi dans les territoires ruraux, projets d’urbanisme à impact, inclusion numérique… Et pour faire des politiques publiques l'affaire de toutes et tous, l'Impact Tank devient également un média en ligne afin de fédérer l'écosystème impact et porter la voix des acteurs du changement partout dans les territoires, aux côtés de nos chercheurs.
"Ce qu’on ne mesure pas ne progresse pas "
Est-il urgent de renforcer l’engagement sociétal des entreprises ?
Les effets de notre activité sur le climat, l’environnement et la biodiversité sont devenus irrémédiables d’après le récent rapport du Giec, même dans l'hypothèse d'une limitation de la hausse des températures à 1,5 degré comme fixé dans l'Accord de Paris. Et en France, près d’un million de personnes ont basculé dans la pauvreté depuis la pandémie. Pour faire de l’engagement des entreprises un moteur du changement, il faut leur proposer une nouvelle ambition, un nouveau partenariat avec les pouvoirs publics, un consensus sur ce qu’est l’impact, et la façon dont on le mesure, entre stratégies RSE, sociétés à mission, entreprises sociales, philanthropie, partenariats avec l’ESS… Aujourd’hui, les acteurs engagés dans une démarche ambitieuse d’impact peuvent être discrédités par d’autres qui se suffisent de plans de communication. Car ce qu’on ne mesure pas ne progresse pas !
Face à cette urgence, nous avons remis le 30 août dernier à Olivia Grégoire, ministre déléguée au Commerce et à l’Artisanat, un rapport inédit qui a réuni plus d’une trentaine de dirigeants d’entreprises et d’organisations professionnelles, destiné à impulser ce nouveau consensus, à proposer un "new deal de l’impact".
Qu’attendez-vous de ce "new deal" ?
Le "new deal de l’impact" consiste à s’engager autour d’une définition commune de l’engagement sociétal des entreprises, proposer des référentiels partagés entre tous les acteurs et coconstruire une méthode de développement et de mesure de stratégies d’impact à l’échelle des entreprises. La rentrée du gouvernement et l’ouverture du nouveau quinquennat coïncident avec un agenda européen riche autour de l’impact : la directive CSRD sur le reporting extra-financier des entreprises votée par le Parlement européen devrait être transposée avant la fin d’année, et d’autres chantiers sont en cours, comme la proposition de directive "gouvernance d’entreprise durable", ou le projet de taxonomie sociale… Nous sommes à la croisée des calendriers et il faut poser les termes du débat et proposer une feuille de route claire, à la hauteur de l’urgence sociale et écologique. Il est temps de ce nouveau consensus.
Propos recueillis par Elsa Guérin