Véritable succès, l’introduction en Bourse de l’éditeur de logiciel lui permet de rêver plus grand. Après avoir conquis le marché américain, la société française souhaite ainsi partir à l’assaut du monde.

En ce 29 juillet, Bertrand Diard, le cofondateur de Talend, a le sourire. Et pour cause, il vient de réaliser l’une des introductions en Bourse les plus remarquées de cette année?: une société française qui fait son entrée sur le Nasdaq, le prestigieux indice technologique américain, cela n’arrive pas si souvent. Les dernières remontent à octobre 2015 pour l’IPO de la biotech DBV Technologies et à octobre 2013 pour celle de Criteo. Mais si le sourire de Bertrand Diard est si large, c’est que ce projet était prévu de longue date et qu’il a connu de nombreux rebondissements. 

 

Brexit

 

« Dès notre arrivée en 2013, Talend avait cet objectif », précise Thierry Sommelet, managing director mid & large cap chez BPIFrance. L’opération s’est faite un peu plus tard que prévu car le nouveau management a dû prendre ses marques et préparer au mieux la société. Début 2016, tous les voyants sont au vert et Talend se prépare pour une IPO fin juin. Durant les deux semaines du road show réalisé en février, le directeur financier de Talend réalise pas moins de quatre-vingts réunions. Un marathon qui lui permet de séduire 150 investisseurs dont 75 % d’américains. Il pouvait déjà compter sur le soutien de BPIFrance qui, après un premier investissement de 12,4 millions d’euros en 2013, avait confirmé sa volonté de participer à l’opération. Toutes les conditions étaient donc réunies pour que l’opération se passe sans accroc.

 

C’était sans compter sur le Brexit qui survient le 23 juin, soit quelques jours avant la date initialement prévue. Un véritable coup de tonnerre pour Talend qui réunit dans la foulée un conseil extraordinaire et décide de repousser l’opération. Pendant le mois de juillet, les Bourses récupèrent une partie des pertes enregistrées. Pour éviter un retournement, Talend décide d’agir vite et finalise l’introduction pendant l’été. L’opération suscite des interrogations. Certains y voient le départ d’une nouvelle pépite tricolore. « Le choix du Nasdaq ne remet pas en cause le fait que ce soit une société française, nuance Thierry Sommelet. Talend a ainsi investi dans l’Hexagone en ouvrant récemment un centre de R&D à Nantes.?» Quant à sa valorisation, de nombreux experts l’ont jugé sous-évaluée. Pourtant, la fourchette de prix, comprise entre 15 et 17 dollars, a été fixée par cinq banques indépendantes. Finalement, l’action s’est échangée à 18 dollars. « Nous avons simplement préféré jouer la prudence afin d’avoir une bonne dynamique sur les marchés », explique Thomas Tuchscherer, CFO & VP Corporate. Depuis, l’action a progressé de 40?%, valorisant la start-up environ à 760?millions de dollars. 

 

Du côté de Talend, on se focalise déjà sur l’avenir. « Grâce à l’argent levé, nous avons remboursé une ligne de crédit de douze millions de dollars que nous avions envers Square One. Le reste nous servira à réaliser des acquisitions ciblées », précise Thomas Tuchscherer. Après avoir enregistré un chiffre d’affaires de 76?millions de dollars en 2015, Talend devrait devenir rentable dès cette année. Une trésorerie qui lui permettra d’autofinancer une partie de sa croissance future. Si aucun chiffre n’est publiquement avancé, la société tablerait sur une progression de son chiffre d’affaires de 50 % par an d’ici à 2020.

 

Vincent Paes

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