Barbier Legal : le couteau suisse français
Lorsque Jérôme Barbier a ouvert son cabinet en août 2015, il l'a fait en toute discrétion. Rien de plus logique pour cet avocat français plongé dans la culture suisse. « Les Français et les Suisses francophones parlent la même langue mais pas toujours le même langage », explique-t-il pour justifier l’intérêt pour son équipe de réunir les deux pays. En effet, Barbier Legal est un cabinet de niche présent à Paris et Neuchâtel. À sa tête : un spécialiste du restructuring passionné par la matière depuis quinze ans. Jérôme Barbier fonde son cabinet à 38 ans avec un business model réfléchi : « Dans le domaine du restructuring, l’intuitu personae est plus important encore que dans d’autres matières. D’où le succès des cabinets de niche portés par un nom. » L’ambition est réelle puisque l’avocat s’appuie sur ses expériences passées. Il se rode au contentieux des affaires chez White & Case où son associé Philippe Métais l’implique sur le dossier du consortium de réalisation (CDR). Son LLM en poche, il poursuit chez Latournerie Wolfrom & Associés. Il intègre ensuite Poulain & Associés, un des cabinets français les plus reconnus en la matière. Pendant cinq ans aux côtés de Jean-Paul Poulain dont il deviendra associé, il enchaîne les dossiers de restructuration de fonderies, travaille sur la reprise par un groupe saoudien de Petitjean, celle de l'entreprise de transport Mory, le plan de sauvegarde du groupe Loret en Guadeloupe pour lequel l’avocat mène une soixantaine de procédures différentes. Il quitte la maison en 2013 pour rejoindre SEH Legal et s’investit alors dans les dossiers Rolpin et Rolkem (fabricants de contreplaqué cédés à des japonais), les reprises de Reims Aviation Industries et Atlantic Air Industries par ASI Innovation et la restructuration du journal Nice Matin.
L’école Borloo
Jérôme Barbier fait partie de cette deuxième génération d’avocats formés par les aînés de « l’école Borloo », éloignée des experts en corporate venus au restructuring en raison de la crise de 2008. Son esprit entrepreneurial l’a poussé à proposer une offre de proximité aux entreprises et investisseurs français, européens et suisses. Selon l’avocat, « la Suisse n’a pas la culture du restructuring compte tenu de la solidité de son économie. Il n’en demeure pas moins que le pays a des besoins dans cette matière. » Pour pouvoir y répondre, Jérôme Barbier et sa collaboratrice, germanophone, se sont rodés au droit suisse des procédures collectives, « à la philosophie différente du droit français mais aux outils parfois similaires », explique-t-il en citant le droit des « poursuites et faillites » local. Autorisé depuis octobre 2015 à exercer la représentation en justice dans le pays, il compte bien accueillir des avocats locaux dans son cabinet.
Pour ses clients, son action s’apparente à celle d’un urgentiste de l’entreprise : détermination d’un diagnostic, visite de terrain puis passage à l’action. Des méthodes de travail rodées en cabinets qui rencontrent un franc succès auprès des entreprises suisses de services, du secteur des machines-outils ou de l’horlogerie que Barbier Legal conseille déjà. Des fonds d’investissement consultent également l’équipe pour la réalisation de leurs opérations de l’autre côté des Alpes « en raison du grand nombre d’opportunités et de la difficulté à se constituer un réseau », selon le fondateur. Un obstacle que lui-même a franchi il y a bien longtemps.