Les avocats sont les professionnels les moins bien outillés en matière de communication numérique avec leurs clients. Ce constat est le fruit de l’étude menée par la société MyCercle en mars 2016 auprès de 1 840 cabinets. Son dirigeant, Jérôme Cazes, en détaille le contenu.

Décideurs. Vous relevez une grande disparité d’outillage informatique entre les différents modèles de cabinets d’avocats d’affaires. Qu’en est-il exactement ?

Jérôme Cazes. Nous avons étudié les taux de pénétration des outils technologiques dans les cabinets d’avocats et évalué leur niveau de communication avec leurs clients. Pour ceux qui exercent en droit des affaires, une grande disparité apparaît entre les structures étrangères, notamment anglo-saxonnes, et les françaises. Les anglo-saxons sont 85 % à être outillées, tandis que moins d’un tiers des françaises utilisent des technologies sécurisées pour communiquer avec leurs clients. Cela s’explique souvent par la taille : les plus gros cabinets français sont plus petits que n’importe quelle firme internationale. Elles sont très en retard.

En réalité, il n’y a aucune différence entre le barreau d’affaires français et le barreau classique : ils communiquent encore par mails et pièces jointes. Or, les outils qu’on utilise par commodité sont les moins fiables. Qui ne s’est jamais trompé dans un envoi de mail ?

 

Décideurs. Cette situation évolue-t-elle ?

J. C. Seulement 1 % des cabinets français dispose d’outils innovants en matière numérique (espace clients sécurisé ou proposition innovante sur leur site). Mais ce pourcentage ne restera pas figé. En étudiant les chiffres, on s’aperçoit qu’il y a une inquiétude chez les avocats s’agissant  de la sécurité de leurs échanges. Un constat qui se confirme avec la concurrence deslegal tech, ces start-up qui fournissent un package avocat simple et pas cher au client.

 

Décideurs. Quelle est l’importance d’un site internet pour une profession qui dépend avant tout de l’intuitus personnae ?

J. C. Le taux d’équipement en sites internet des avocats d’affaires est beaucoup plus faible que ce qu’on croit : seul un cinquième des cabinets de plus de vingt avocats en est équipé. Effectivement, un site n’est pas indispensable mais le client se pose des questions lorsqu’il n'en existe aucun. Surtout, il est rapidement exaspéré de devoir appeler son avocat pour savoir où en est son dossier. Nous avons bien un espace sécurisé avec notre banque, la sécurité sociale ou notre compagnie de téléphone.

Il faut moins d’une heure pour entrer dans une boîte mail et se faire passer pour son propriétaire.

Décideurs. Les avocats utilisent tout de même le RPVA (réseau privé virtuel des avocats)…

J. C. Un outil de communication entre l’avocat et le tribunal dont le client est exclu. À cela s’ajoute que si le RPVA est totalement sécurisé, il ne permet que la communication instantanée, c’est-à-dire les mails et l’échange de documents. Il ne permet pas de suivre la procédure.

Et au-delà de la commodité, il y a la sécurité numérique. Les affaires confidentielles dans lesquelles interviennent plusieurs avocats ne sont pas du tout entourées de sécurité. L’échange entre confrères par pièces jointes et mails se pirate très facilement. Il faut moins d’une heure pour entrer dans une boîte mail et se faire passer pour son propriétaire.

Il est certain que les gros clients imposent leur propre système de communication sécurisé. Mais pour tous les autres, faire appel à un avocat qui dispose d’outils techniques optimums est un avantage commercial indiscutable.

 

Décideurs. L’argument financier est souvent celui qui bloque l’investissement dans l’IT des cabinets d’avocats. Comment y pallier ?

J. C. Le manque de moyens était un argument phare il y a dix ans mais il ne peut plus être avancé. Les technologies qui sont à présent à la disposition des avocats son déjà anciennes, elles sont devenues courantes et font l’objet d’offres adaptées à tout type de client. L’argument financier est donc en train de disparaître.

 

Propos recueillis par Pascale D’Amore

 

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