En publiant un livre au titre provocateur, Jaap Bosman lance un pavé dans la marre. Bien conscients de la transformation du marché sur lequel ils évoluent, les cabinets d’avocats savent encore se rendre indispensables.

Lorsque Jaap Bosman publie son livre Death of a law firm[1], il ne cherche pas autre chose qu’à alerter sur le besoin de stratégie des cabinets d’avocats. Et justement, Jaap Bosman s’est reconverti, après une carrière de business developer chez Nauta Dutilh et Houthoff Buruma, dans le conseil en stratégie. Si sa démarche a un caractère marketing évident, elle a le mérite de lancer le débat sur l’avenir de la profession.

L’auteur part d’un constat : les prestations juridiques deviennent standardisées, réalisables par n’importe quel juriste, presque par un robot. Les cabinets répondent à cette tendance par la réduction de leurs coûts et la croissance de leur technicité. Mais, une fois la ceinture serrée au dernier cran, la structure s’effondre. Les cabinets traditionnels ne peuvent tordre leur modèle indéfiniment, la transformation – pour peu qu’elle soit souhaitée – les mène à leur perte. La plupart des cabinets ont besoin de faire évoluer leur modèle pour survivre, quitte à adopter un positionnement différent de celui de leurs pères fondateurs.

 

La faillite est soudaine, inattendue et rapide

30 % des cabinets d’avocats d’affaires font face à un risque de faillite. Brobeck (1926-2003), Heller Ehrman (1890-2008), Thelen (1924-2008), Dewey & LeBoeuf (2007-2012), Bingham McCutchen (1891-2014), Howrey (1956-2011) : à chaque fois, la faillite est soudaine, inattendue et rapide parce que tous ces cabinets ont fait la course au développement, persuadés que plus vite ils grandiraient, mieux ils se porteraient.

Une croissance à l’excès entraîne une différence de rémunération entre les associés qui forment alors des groupes de candidats au départ. Et pour ne pas finir perdants de la descente aux enfers, tous plient bagages le plus tôt possible. Autre point de difficulté : la grenouille qui veut être aussi grosse que le bœuf. Certaines firmes tentent de se mettre au même niveau que l’élite en misant sur les meilleurs professionnels pour ne sélectionner que les dossiers haut de gamme, et délestent les autres départements. Une situation comme la crise de 2008 les plonge alors irrémédiablement vers l’endettement.

 

L’aveuglement face à cette standardisation

 « Les taux horaires ne font que diminuer, souligne l’auteur, excepté pour les firmes qui constituent l’élite, qui ne cessent d’augmenter leurs prix ». Cela s’explique par la mutation des directions juridiques qui, renforcées et spécialisées, n’ont plus recours aux avocats que pour le contentieux, les services à haute valeur ajoutée et les conseils juridiques bas de gamme. Et de nombreux avocats souffriraient de leur aveuglement face à cette standardisation. Un raccourci réfuté par l’actualité du marché français qui a connu depuis le début de l’année une fusion majeure - LPA et CGR Legal -, des absorptions, des créations de réseaux et même la première levée de fonds, réalisée par l’Agence des nouveaux avocats (AGN) pour un montant d’un million d’euros auprès de confrères et notaires. Impossible alors de parler d’immobilisme dans la profession.

 

Pascale D'Amore

 

Retrouver l'interview de Jaap Borsman ici

 

[1] Death of a Law Firm – Why many business law firms will collapse in the next five years, coécrit avec Lisa Hakanson, septembre 2015, Éditon JBLH, 40 euros, 202 pages

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